vendredi 15 mars 2013

O sol salutis, intimis...




O Soleil de salut, ô Jésus !
Brillez à l'intime de nos cœurs,
Tandis que chassant la nuit, plus gracieux,
Renaît le jour à notre monde.

Nous donnant un temps de faveur,
Donnez-nous des ruisseaux de larmes,
Pour laver l'hostie du cœur,
Que brûle une joyeuse charité.

De la source d'où coula le crime,
Ils couleront éternels, les pleurs,
Si la verge de pénitence,
De notre cœur, broie la dureté.

Le jour viendra, votre jour à Vous,
Dans lequel tout reverdira.
Que sa joie soit nôtre, au chemin
Où nous a ramenés votre droite.

Qu'inclinée, la machine du monde
Vous adore, clémente Trinité
Et nous, renouvelés par la grâce,
Chantons un cantique nouveau. 

Ainsi soit-il.

Hymne des Laudes pour le temps du Carême.

lundi 11 mars 2013

Le sacrement du mariage




e tous les contrats, le mariage est le plus ancien, le plus saint et le plus respectable. Dieu même en est l'auteur ; il l'institua dans le paradis terrestre, lorsqu'après avoir créé Adam et Eve, il les bénit en leur disant : Croissez et multipliez et remplissez la terre. Alors Adam reçut des mains de Dieu sa compagne, en prononçant ces paroles pleines de joie, de reconnaissance et d'admiration : Voilà l'os de mes os et la chair de ma chair ; c'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à son épouse. Sous les patriarches, le mariage continue d'être un contrat sacré et solennel ; témoin l'histoire d'Isaac et de Rébecca, de Jacob et de Rachel. Il en fut de même sous la loi de Moïse, nous en avons des exemples dans le mariage de Ruth et de Booz, de Sara avec Tobie.

     Sous la loi de Jésus-Christ, le mariage devait avoir un but plus noble et plus élevé, celui de donner à l'Église des enfants, au monde des chrétiens ; c'est pourquoi Notre-Seigneur voulut l'enrichir de grâces nouvelles en l'élevant à la dignité de sacrement. On définit ainsi le mariage : un sacrement, institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui donne à ceux qui le reçoivent dignement la grâce de se sanctifier dans leur état, d'élever chrétiennement leurs enfants, et qui représente l'union de Jésus-Christ avec l'Église.

     Il n'est pas d'état dont les devoirs soient plus nombreux et plus importants que l'état de mariage. Les époux se doivent mutuellement fidélité, amour chaste, saint et constant. Si Dieu bénit leur alliance en leur donnant des enfants, de nouveaux devoirs leur sont imposés pour leur éducation, qui exige d'eux la douceur, la fermeté, la vigilance, la patience. Ils doivent regarder leurs enfants comme un dépôt sacré que Dieu lui-même leur a confié et dont il leur demandera compte, et travailler non-seulement à les rendre heureux selon le monde, mais à en faire des saints. Pour cette œuvre difficile la grâce du sacrement leur est nécessaire.

     Enfin, comme Jésus-Christ a quitté son Père pour s'unir à l'Église, ainsi l'homme quitte son père et sa mère pour s'unir à sa femme. Jésus-Christ est le chef de l'Église comme le mari est le chef de la famille ; Jésus-Christ dirige l'Église, Il la protège ; le mari doit être le protecteur de la femme et le rempart de sa famille ; Jésus-Christ aime tendrement l'Église, l'époux doit aimer en vérité son épouse ; Jésus-Christ meurt pour l'Église, l'époux donne sa vie pour son épouse.

     Pour participer aux grâces du sacrement de mariage il faut s'y préparer avec grand soin et avec une véritable pureté d'intention. La Providence, en nous mettant au monde, destine chacun à un état particulier. Si nous y entrons, des grâces spéciales nous y sont réservées ; si nous n'y entrons pas, ces grâces ne nous sont pas accordées ; de là la nécessité de rechercher consciencieusement notre vocation, de nous déterminer par des considérations droites et pures, sans nous laisser conduire par des motifs de vanité, d'ambition et de concupiscence : tant de mariages ont une mauvaise issue, parce qu'ils ont été contractés sous l'empire de vues trop humaines, quelquefois coupables, en dehors des vues chrétienne qui doivent dominer toutes les autres.




     Une autre condition non moins essentielle, c'est l'état de grâce, car le mariage est un sacrement des vivants. Il est triste de voir ceux qui doivent se marier n'approcher du tribunal de pénitence que pour la forme et pour obéir à une condition prescrite ; il commencent par faire une faute grave qui doit entraîner d'autres péchés ; ils offensent cruellement Dieu dont ils devraient mériter la bénédiction, et font tourner à leur condamnation un sacrement où ils auraient pu puiser la force dont la vie conjugale a tant besoin. Ce malheur n'est que trop fréquent, et la punition, même en ce monde, ne tarde pas à se faire sentir par les troubles du ménage et les mauvaise conduite d'enfants qui n'ont pas été placés sous l'égide de la religion.

     Le mariage doit être précédé de la publication des bans : le mot ban veut dire publication. L'Église veut qu'on annonce à tous ses enfants les futurs mariages : 1° afin que tous se mettent en prières pour attirer sur les nouveaux époux les bénédiction du Ciel ; 2° afin que le mariage se contracte sans empêchement. L'obligation de révéler les empêchements regarde tous ceux qui peuvent en avoir connaissance, sous peine de péché.

     Il y a deux sortes d'empêchements qui peuvent mettre obstacle au mariage : les uns le rendent nul ; on les appelle, pour cette raison, empêchement dirimants ; les autres n'annulent pas le mariage, mais font qu'on ne peut se marier dans péché : on les nomme empêchements prohibitifs.

     Les principaux empêchements dirimants sont ; l'erreur, quand Pierre épouse Catherine, son intention étant d'épouser Jeanne ; la violence, quand le consentement d'une des parties n'est pas libre mais extorqué par la force ; la clandestinité, le mariage pour être valide devant être fait en face de l'Église, en présence du curé ou de son représentant.

    Plusieurs des empêchements prohibitifs, ceux qui regardent l'époque de la célébration du mariage et les degrés de parenté, peuvent être levés par des dispenses motivées sur des raisons justes : l'Église a le droit incontestable, pour le bien de ses enfants, de faire particulièrement disparaître l'obstacle qu'elle avait mis d'une manière générale dans cette même intention.



     Si le sacrement de mariage est le principe sanctifiant de la famille et la source féconde de grâces attachées à la société conjugale, on comprend que le mépris de ce sacrement est pour la famille une cause de punitions et de maux. Plus la religion élève et purifie l'homme, plus aussi, en dehors de la loi sainte, l'homme s'avilit et se dégrade. On ne saurait donc s'affliger trop amèrement d'entendre dans notre siècle ces prétendus réformateurs, sous prétexte d'émanciper la femme que le christianisme seul a relevée, attaquer publiquement le mariage, et porter, par ces détestables doctrines, le trouble et la confusion dans la société. Le PACS, le divorce et demain peut-être l'assemblage civil de paires d'invertis sont les grands travaux dont ils se flattent... Il ont ruiné le mariage, qui ne pourra être restauré qu'en retrouvant sa forme religieuse originelle.

     Il est affligeant aussi de voir tant d'unions illégitimes (concubinage) ; ne portent-elles pas en elles-mêmes toutes les causes d'instabilité, d'inconstance et de tristesse ? sans la sanction religieuse, l'autorité de l'homme est une tyrannie insupportable ou bien elle est totalement ruinée, et la condition de la femme un esclavage ou alors une singerie  féministe égalitaire ; que deviennent les enfants dans ces déplorables conditions ? La loi chrétienne leur sera-t-elle enseignée par ceux qui ne les ont mis au monde qu'en foulant aux pieds l'une des grandes lois de notre sainte religion ? et seront-ils initiés à nos divins sacrements par un père et une mère qui n'ont témoigné que du mépris pour le sacrement de la paternité et de la maternité chrétiennes ? Hélas ! ils n'auront pas même droit à la bénédiction de leurs familles ; pour bénir ceux qui viennent après nous, il faut que Dieu nous ait bénis le premier.

    Ces réflexions s'appliquent à ceux mêmes qui ont contracté le mariage civil (valide entre deux personnes non baptisées) sans le mariage religieux. Le mariage civil exerce son action sur l'homme en tant qu'il est citoyen ; il règle son existence civile, il garantit ses droits politiques, il assure la propriété de ses biens temporels, mais l'homme époux et père a d'autres devoirs devant Dieu. Non seulement il est citoyen dans son pays, mais baptisé ; il a été fait en outre chrétien, enfant de Dieu et de l'Église ; il est soumis aux lois établis par Jésus-Christ, il ne peut les transgresser sans péché, et il est aussi coupable qu'aveugle quand il n'accomplit pas des devoirs qui sont en même temps pour lui des bienfaits.



samedi 23 février 2013

Le Carême







e Carême est le temps qui s'écoule depuis le mercredi des Cendres jusqu'à Pâques, temps de pénitence pendant lequel les fidèles sont tenus à des prescriptions de jeûne et d'abstinence ; le jeûne consiste à ne manger qu'une fois par jour, et l'abstinence à ne pas manger de viande. Les chrétiens des premiers siècles ne mangeaient autre chose, les jours de jeûne, que des herbes, des racines et des légumes ou des fruits, avec du pain et de l'eau ; ils ne mangeaient qu'une fois le jour, vers le soir. S. Fructueux, évêque de Tarragone, allant au martyre, refusa un breuvage qu'on lui offrait pour le fortifier, en disant qu'il n'était pas encore l'heure de rompre le jeûne : c'était un vendredi à dix heures du matin.

     Au VIe siècle, puis au VIIe, des modifications furent apportées à cette règle ; plus tard l'Église, toujours bonne comme une mère, adoucit encore la discipline. L'obligation du jeûne le Mercredi des Cendres et le Vendredi-Saint s'étend à tous les fidèles qui ont vingt et un ans accomplis, à moins que des raisons graves de santé ou de travail ne les en dispensent ; une légère réfection nommée collation ajoutée au repas principal est aujourd'hui permise. En ce qui concerne les dispenses particulières pour le jeûne et l'abstinence, ceux qui croient en avoir besoin doivent s'adresser à leurs pasteurs ; nul ne doit être juge dans sa propre cause, et la soumission à l'autorité est la première règle de tout chrétien.

     Le monde dit quelquefois : Dieu ne nous a-t-il pas donné tous les biens ? pourquoi n'en userions-nous pas ? Oui, Dieu nous a donné tous les biens ; mais est-ce pour en user sans discrétion et sans reconnaissance ? Qui ne sait pas s'abstenir quelquefois des plaisirs les plus légitimes ne saura pas s'arrêter là où commencent les jouissances coupables ; la vertu ne vit que par les sacrifices, et c'est avec sagesse que l'Église par ses loi supplée à la légèreté de notre esprit et met une barrière à l'entraînement de notre cœur. N'est-ce pas, pour l'homme coupable (et nous le sommes tous) un devoir et une nécessité, d'expier ses péchés, de se punir lui-même, de réparer ses excès par des austérités, et de se former à des habitudes contraires à celles où l'entraînent ses passions ? Ô sainte ardeur de la pénitence ! Ô douce tristesse du repentir ! Ô tendre componction d'un cœur revenu à Dieu ! C'est vous qui faites du Carême un temps précieux, un temps profitable, un temps de joie malgré les mortifications ; car c'est vous qui menez sûrement et prestement à Dieu, nous accordant son pardon et son amitié, bien suprême et ultime félicité !

Sainte Marie-Madeleine : un modèle de pénitence


     Nul besoin de s'infliger des pénitences spectaculaires qui pourraient flatter notre orgueil pour faire un bon et saint Carême : supporter avec patience ses croix quotidiennes (au lieu de se plaindre et d'accuser la Providence), une bonne prière régulièrement, une visite à l'église, une aumône discrète... voilà les petits efforts qui plaisent à Dieu. On peut faire du carême un temps pendant lequel on veillera davantage sur ses mauvais penchants, où l'on remplira avec plus d'exactitude ses devoirs. Voilà une bonne pénitence agréable à Dieu, et nul ne peut dire, riche ou pauvre, faible ou fort, qu'il ne lui est pas possible de l'accomplir.





« Ce n'est qu'en nous faisant marcher dans les traces sanglantes du Christ que l'action de la grâce triomphera en nous. » Dom Jacques Maillot.

mardi 12 février 2013

Catéchisme sur le Mercredi des Cendres





Demande. Pourquoi le premier jour de carême est appelé jour des cendres ?
Réponse. A cause de l'imposition des cendres qui se fait en ce jour.
Explication. Ce jour est aussi appelé le chef du jeûne, parce qu'il est à la tête des jeûnes du carême. Avant l'addition des quatre jours de jeûnes réalisée sans doute par Saint Grégoire le Grand, le nom de chef du jeûne se donnait au premier lundi de carême pour la même raison. Les Pères du concile de Soissons, de 853, appelaient déjà le mercredi des cendres chef du jeûne, l'addition des quatre premiers jours était déjà bien établie en France en ce temps, au moins dans la majorité des Église.

D. L'imposition des cendres est-elle bien ancienne ?
R. C'est un reste de l'ancienne discipline de l'Église qui imposait des cendre sur la tête des pénitents publics, qui les recevaient pour marquer leur douleur.
Explication. La coutume de se couvrir de cendres et de cilice, pour marquer la douleur, était en usage chez les nations les plus anciennes : les ministres se revêtirent de sacs et se prosternèrent sur de la cendre pour apaiser la colère de Dieu : telle était en particulier la pratique des Juifs, comme l'Écriture le rapporte en mille endroits ; les chrétiens l'ont fait de même dans tous les temps, surtout lorsque la pénitence publique était en vigueur. Rien ne marque mieux l'humiliation et la douleur que ces symboles énergiques de sacs, de cilices, de cendres ; ce sont les expressions même de la pénitence.

D. Pourquoi l'Église fait-elle aujourd'hui l'imposition des cendres ?
R. L'Église impose des cendres sur la tête des chrétiens pour les exciter à la pénitence, en leur rappelant la pensée de la mort.
Explication. Souviens-toi, ô homme ! que tu es poussière, et que tu retourneras en poussière : voilà ce que le prêtre dit à chacun de ceux à qui il impose des cendres ; anciennement à Milan on y répondait : je m'en souviendrai. Quelques rituels anciens veulent qu'on dise : fais pénitence dans la cendre et le cilice. On lit en d'autres : faites, Seigneur, que les cendres que je reçois deviennent pour moi un remède salutaire. Il y eut des endroits où l'on mit la cendre dans des vases de terre pour mieux marquer le néant de l'homme.

D. Avec quels sentiments doit-on recevoir les cendres ?
R. On doit recevoir les cendres en esprit de componction et de douleur, en faisant la résolution de faire pénitence pendant le carême.

D. Quel autre sentiment faut-il encore avoir en recevant les cendres ?
R. Il faut se soumettre à la mort, comme était pécheur, et en accepter l'arrêt en expiation de ses péchés.



Abbé Meusy, Catéchisme des Fêtes, Besançon, 1774.

jeudi 7 février 2013

Les Dimanches précédant le Carême



es trois dimanches qui précèdent le Carême portent le nom de Septuagésime, de Sexagésime, de Quinquagésime ; ils sont ainsi nommés parce que le premier de ces dimanches est le septième et quels deux autres sont le sixième et le cinquième avant le dimanche de la Passion. Le premier dimanche de carême porte le nom de Quadragésime, parce qu'il est le quatrième avant ce même jour. Ces dimanches sont une préparation au carême ; l'Église nous prévient par ses offices que nous allons bientôt entrer dans la sainte quarantaine.

      Tous les temps, nous dit-elle, sont à moi, tous les justes sont mes enfants. Elle nous retrace l'histoire de la chute et un malheur de l'homme causés par le péché de nos premiers parents. Elle veut que nous nous considérions comme des victimes dévouées à la mort, que nous nous souvenions que nos propres péchés, afin qu'étant convaincus de la nécessité de la pénitence, nous nous trouvions disposés à l'embrasser dans le temps qu'elle prescrit.

     Pendant que l'Église nous prépare à la sainte tristesse de la pénitence, le monde accomplit la terrible prophétie du Sauveur : « Le monde se réjouira, disait-il à ses enfants, et vous, vous serez dans la tristesse ; mais malheur à vous qui riez ! » On connaît les funestes habitudes de ces jours auxquels on a donné le nom très-profane de carnaval. Les désordres se multiplient alors ; on se livre souvent aux plus dégoûtantes orgies ; il semble qu'on veuille ressusciter les mœurs païennes, et s'élever publiquement par cette conduite contre les conseils et les préceptes de l'Église. Il y a certainement là une révolte contre la religion et une insulte à Dieu.

     C'est pour protester contre ces désordres que l'Église a établi les prières des Quarantes-Heures avec exposition du très-saint Sacrement, le dimanche de la Quinquagésime, le lundi et le mardi qui précèdent le mercredi des Cendres. Cette institution remonte au XVIe siècle. Ces prières ont pour objet d'apaiser la colère de Dieu irrité par les excès de ces jours mauvais, de détourner des plaisirs défendus ceux que l'exemple pourrait entraîner, d'exciter la piété des fidèles envers Notre-Seigneur en présentant à leur méditation les quarante heures qui s'écoulèrent depuis sa condamnation à mort jusqu'à sa résurrection : faisons un sincère retour sur nous-mêmes ; parmi les chrétiens qui se piquent d'accomplir leurs devoirs, n'y a-t-il pas une indifférence trop ordinaire ? Notre-Seigneur n'est-il pas injustement abandonné sur cet autel, où Il nous attend pour nous bénir, et les plaisirs permis ne nous font-ils pas oublier ce que nous devons au mystère d'amour d'un Dieu pour les hommes ? Cependant nous reconnaîtrons avec consolation que plus d'une fois nous avons été édifié de voir de bons chrétiens redoubler en ces jours de piété et de ferveur.

Petites lectures 1870-1875

samedi 2 février 2013

2 février : Purification de la Sainte Vierge



ous avons vu les Mages venir adorer notre Sauveur dans sa crèche ; avertis par un ange de ne pas revenir auprès du perfide Hérode, ils retournèrent dans leurs pays par un autre chemin. Bientôt Joseph et Marie songèrent à accomplir deux nouveaux articles des lois de Moïse : l'un ordonnait à toutes les femmes qui étaient devenues mères de venir se purifier au Temple après un certain nombre de jours ; l'autre prescrivait d'offrir au Seigneur tout fils premier-né. Marie, donnant en cela un grand exemple d'humilité et d'obéissance, voulut se conformer à la règle commune des autres femmes ; en même temps, Jésus-Christ, qui, comme Dieu, se trouvait bien au-dessus de la loi mosaïque, voulut être porté à Jérusalem quarante jours après sa naissance, afin d'offrir à son père une hostie digne de Lui : c'est pour conserver ce double souvenir qu'on célèbre le 2 février la fête de la Purification.

     Au moment de la naissance de Jésus, il y avait à Jérusalem un saint vieillard nommé Siméon. C'était un homme juste, qui attendait avec empressement le consolateur d'Israël, c'est-à-dire le Messie. Il lui avait été même révélé qu'il ne mourrait pas sans avoir vu le Christ du Seigneur. Conduit par une inspiration divine, il vint au Temple lorsque Marie apportait son divin Fils ; non seulement Siméon eut le bonheur de voir le Rédempteur du monde, mais Dieu lui permit encore de le tenir entre ses bras. C'est alors que, transporté d'une sainte joie et animé de l'esprit des prophètes, il rendit grâces à Dieu et prédit les futurs triomphes de ce divin Enfant. C'est maintenant, s'écria-t-il, que, suivant votre parole, vous laisserez mourir en paix votre serviteur, puisque mes yeux ont vu le salut qui vient de vous, que vous l'avez exposé à la vue de toutes les nations pour être la lumière qui se découvrira aux gentils et la gloire d'Israël votre peuple. Nous répétons ces belles paroles, lorsque nous récitons à complies le cantique : Nunc dimittis.

     Tandis que la sainte Vierge et saint Joseph étaient en admiration sur ce que disait le saint vieillard, et qu'il les entretenait de ce qui devait arriver au Fils de Dieu dans la suite des temps et de la douleur qui transpercerait le cœur de Marie, une veuve nommée Anne survint en ce même temps. Véritable fille de Jacob, elle attendait avec ardeur la venue du Messie. Veuve après sept ans de mariage, elle avait passé sa vie jusqu'à quatre-vingts ans dans les jeûnes et les prières : sa demeure ordinaire était le Temple ; à peine eut-elle connu le Sauveur qu'elle joignit sa voix à celle de Siméon, et fit éclater sa reconnaissance et son bonheur en cantiques de louanges.

     Qu'il est beau de voir ces deux vieillards rendre témoignage de la divinité du Sauveur, et mourir tranquilles parce qu'ils ont vu celui qui est la résurrection et la vie ! Quelque heureux qu'ait été leur sort, nous pouvons sentir qu'un non moindre bonheur nous est accordé, puisqu'il nous est donné de recevoir ce même Sauveur, nous seulement dans nos bras, mais encore dans notre cœur devenant le sanctuaire du désiré des nations.

     Hérode, voyant que les Mages ne revenaient pas, entra dans une grande colère, et résolut de se défaire d'un enfant dont la naissance lui causait tant d'ombrages, et de noyer son berceau dans un fleuve de sang ; mais que peuvent les conseils des hommes contre Dieu ! L'ange du Seigneur apparut en songe à Joseph et lui dit : Levez-vous, prenez l'enfant et sa mère, fuyez en Égypte, et n'en parlez pas que je ne vous le dise, car Hérode ne tardera pas à faire chercher l'enfant pour lui donner la mort ; Joseph se leva, et la nuit même, prenant l'enfant et la mère, il partit pour l'Égypte, où ils arrivèrent heureusement et où ils restèrent tant qu'il plut à Dieu de laisser son Fils dans cette espèce d'exil.


     A chaque acte de la Sainte Famille, nous devons faire la même remarque, qui est pour nous un grand enseignement. Ainsi la conduite de Joseph dans cette circonstance est le modèle d'une obéissance parfaite ; car elle est simple et sans détournement, elle est prompte et sans retardement, elle est généreuse et pleine de confiance, il part sans préparatifs, sans provisions, il était pauvre, mais, avec la parole de Dieu, il était certain de ne manquer de rien.

     Une obéissance semblable envers nos supérieurs, envers nos parents, envers l'Église, est la première et la plus essentielle des vertus d'un vrai chrétien dans tous les âges et dans toutes les conditions.