e tous les contrats, le mariage est le plus ancien, le plus saint et le plus respectable. Dieu même en est l'auteur ; il l'institua dans le paradis terrestre, lorsqu'après avoir créé Adam et Eve, il les bénit en leur disant : Croissez et multipliez et remplissez la terre. Alors Adam reçut des mains de Dieu sa compagne, en prononçant ces paroles pleines de joie, de reconnaissance et d'admiration : Voilà l'os de mes os et la chair de ma chair ; c'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à son épouse. Sous les patriarches, le mariage continue d'être un contrat sacré et solennel ; témoin l'histoire d'Isaac et de Rébecca, de Jacob et de Rachel. Il en fut de même sous la loi de Moïse, nous en avons des exemples dans le mariage de Ruth et de Booz, de Sara avec Tobie.
Sous la loi de Jésus-Christ, le mariage devait avoir un but plus noble et plus élevé, celui de donner à l'Église des enfants, au monde des chrétiens ; c'est pourquoi Notre-Seigneur voulut l'enrichir de grâces nouvelles en l'élevant à la dignité de sacrement. On définit ainsi le mariage : un sacrement, institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui donne à ceux qui le reçoivent dignement la grâce de se sanctifier dans leur état, d'élever chrétiennement leurs enfants, et qui représente l'union de Jésus-Christ avec l'Église.
Il n'est pas d'état dont les devoirs soient plus nombreux et plus importants que l'état de mariage. Les époux se doivent mutuellement fidélité, amour chaste, saint et constant. Si Dieu bénit leur alliance en leur donnant des enfants, de nouveaux devoirs leur sont imposés pour leur éducation, qui exige d'eux la douceur, la fermeté, la vigilance, la patience. Ils doivent regarder leurs enfants comme un dépôt sacré que Dieu lui-même leur a confié et dont il leur demandera compte, et travailler non-seulement à les rendre heureux selon le monde, mais à en faire des saints. Pour cette œuvre difficile la grâce du sacrement leur est nécessaire.
Enfin, comme Jésus-Christ a quitté son Père pour s'unir à l'Église, ainsi l'homme quitte son père et sa mère pour s'unir à sa femme. Jésus-Christ est le chef de l'Église comme le mari est le chef de la famille ; Jésus-Christ dirige l'Église, Il la protège ; le mari doit être le protecteur de la femme et le rempart de sa famille ; Jésus-Christ aime tendrement l'Église, l'époux doit aimer en vérité son épouse ; Jésus-Christ meurt pour l'Église, l'époux donne sa vie pour son épouse.
Pour participer aux grâces du sacrement de mariage il faut s'y préparer avec grand soin et avec une véritable pureté d'intention. La Providence, en nous mettant au monde, destine chacun à un état particulier. Si nous y entrons, des grâces spéciales nous y sont réservées ; si nous n'y entrons pas, ces grâces ne nous sont pas accordées ; de là la nécessité de rechercher consciencieusement notre vocation, de nous déterminer par des considérations droites et pures, sans nous laisser conduire par des motifs de vanité, d'ambition et de concupiscence : tant de mariages ont une mauvaise issue, parce qu'ils ont été contractés sous l'empire de vues trop humaines, quelquefois coupables, en dehors des vues chrétienne qui doivent dominer toutes les autres.
Une autre condition non moins essentielle, c'est l'état de grâce, car le mariage est un sacrement des vivants. Il est triste de voir ceux qui doivent se marier n'approcher du tribunal de pénitence que pour la forme et pour obéir à une condition prescrite ; il commencent par faire une faute grave qui doit entraîner d'autres péchés ; ils offensent cruellement Dieu dont ils devraient mériter la bénédiction, et font tourner à leur condamnation un sacrement où ils auraient pu puiser la force dont la vie conjugale a tant besoin. Ce malheur n'est que trop fréquent, et la punition, même en ce monde, ne tarde pas à se faire sentir par les troubles du ménage et les mauvaise conduite d'enfants qui n'ont pas été placés sous l'égide de la religion.
Le mariage doit être précédé de la publication des bans : le mot ban veut dire publication. L'Église veut qu'on annonce à tous ses enfants les futurs mariages : 1° afin que tous se mettent en prières pour attirer sur les nouveaux époux les bénédiction du Ciel ; 2° afin que le mariage se contracte sans empêchement. L'obligation de révéler les empêchements regarde tous ceux qui peuvent en avoir connaissance, sous peine de péché.
Il y a deux sortes d'empêchements qui peuvent mettre obstacle au mariage : les uns le rendent nul ; on les appelle, pour cette raison, empêchement dirimants ; les autres n'annulent pas le mariage, mais font qu'on ne peut se marier dans péché : on les nomme empêchements prohibitifs.
Les principaux empêchements dirimants sont ; l'erreur, quand Pierre épouse Catherine, son intention étant d'épouser Jeanne ; la violence, quand le consentement d'une des parties n'est pas libre mais extorqué par la force ; la clandestinité, le mariage pour être valide devant être fait en face de l'Église, en présence du curé ou de son représentant.
Plusieurs des empêchements prohibitifs, ceux qui regardent l'époque de la célébration du mariage et les degrés de parenté, peuvent être levés par des dispenses motivées sur des raisons justes : l'Église a le droit incontestable, pour le bien de ses enfants, de faire particulièrement disparaître l'obstacle qu'elle avait mis d'une manière générale dans cette même intention.
Si le sacrement de mariage est le principe sanctifiant de la famille et la source féconde de grâces attachées à la société conjugale, on comprend que le mépris de ce sacrement est pour la famille une cause de punitions et de maux. Plus la religion élève et purifie l'homme, plus aussi, en dehors de la loi sainte, l'homme s'avilit et se dégrade. On ne saurait donc s'affliger trop amèrement d'entendre dans notre siècle ces prétendus réformateurs, sous prétexte d'émanciper la femme que le christianisme seul a relevée, attaquer publiquement le mariage, et porter, par ces détestables doctrines, le trouble et la confusion dans la société. Le PACS, le divorce et demain peut-être l'assemblage civil de paires d'invertis sont les grands travaux dont ils se flattent... Il ont ruiné le mariage, qui ne pourra être restauré qu'en retrouvant sa forme religieuse originelle.
Il est affligeant aussi de voir tant d'unions illégitimes (concubinage) ; ne portent-elles pas en elles-mêmes toutes les causes d'instabilité, d'inconstance et de tristesse ? sans la sanction religieuse, l'autorité de l'homme est une tyrannie insupportable ou bien elle est totalement ruinée, et la condition de la femme un esclavage ou alors une singerie féministe égalitaire ; que deviennent les enfants dans ces déplorables conditions ? La loi chrétienne leur sera-t-elle enseignée par ceux qui ne les ont mis au monde qu'en foulant aux pieds l'une des grandes lois de notre sainte religion ? et seront-ils initiés à nos divins sacrements par un père et une mère qui n'ont témoigné que du mépris pour le sacrement de la paternité et de la maternité chrétiennes ? Hélas ! ils n'auront pas même droit à la bénédiction de leurs familles ; pour bénir ceux qui viennent après nous, il faut que Dieu nous ait bénis le premier.
Ces réflexions s'appliquent à ceux mêmes qui ont contracté le mariage civil (valide entre deux personnes non baptisées) sans le mariage religieux. Le mariage civil exerce son action sur l'homme en tant qu'il est citoyen ; il règle son existence civile, il garantit ses droits politiques, il assure la propriété de ses biens temporels, mais l'homme époux et père a d'autres devoirs devant Dieu. Non seulement il est citoyen dans son pays, mais baptisé ; il a été fait en outre chrétien, enfant de Dieu et de l'Église ; il est soumis aux lois établis par Jésus-Christ, il ne peut les transgresser sans péché, et il est aussi coupable qu'aveugle quand il n'accomplit pas des devoirs qui sont en même temps pour lui des bienfaits.
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