mercredi 21 décembre 2011

Nativité de Notre-Seigneur


ous les Français (quoique...) savent que la fête de Noël a pour objet la naissance temporelle du Fils de Dieu, le Verbe éternel, égal en tout au Père et au Saint-Esprit, fait homme pour nous sauver ; il n'est pas nécessaire de raconter de nouveau comment Joseph et Marie, tous deux de la royale famille de David, se rendirent à Bethléem pour obéir à l'édit de l'empereur Auguste qui ordonnait un dénombrement général, et que dans cette ville, dans une grotte servant d'étable, Marie mit au monde le Sauveur. Au milieu des touchantes circonstance de ce grand mystère, arrêtons-nous un instant sur le fait que ce fut par des bergers, hommes simples et obscurs, que le premier hommage fut apporté aux pieds du Fils de Dieu ; il contient tout une révolution morale, il est le commencement de ce nouvel ordre d'idées qui doit changer la face du monde ; richesses, orgueil, votre règne est fini, celui du détachement, de l'humilité et de la charité commence ; au nouveau Roi il faut des courtisans qui aiment le dénuement de sa naissance, le reconnaissent et l'adorent dans sa pauvreté ; et désormais ses faveurs et ses préférences sont pour ceux qui souffrent et qui, à son exemple, se sont fait petits.

   Les paroles que l'ange dit aux bergers : Ne craignez pas, il vous est né un Sauveur, l'Église catholique les adresse chaque jour à ses enfants ; pendant l'Avent elle avait emprunté la voix d'Isaïe et de Jean-Baptiste pour nous dire : Préparez les sentiers du Seigneur, le moment approche où toute chair verra le Sauveur envoyé de Dieu ; puis, lorsque les quatre mystérieuses semaines touchent à leur fin, elle indique un dernier jour de jeûne et de préparation : Sanctifiez-vous, nous dit-elle, demain le Seigneur fera devant vous des choses admirables ; afin de nous associer au bonheur des bergers, elle veut que nous passions la nuit en prières, et il n'est pas de cérémonies plus capables de nous pénétrer d'une vive et profonde piété que les offices de la messe de minuit.

   Au point du jour la cloche se fait entendre de nouveau, pour la seconde fois le prêtre monte à l'autel ; enfin c'est avec enthousiasme, avec un saint délire que retentissent à la messe solennelle du jour ces chants de joie :

   « Colline de Sion, tressaille d'allégresse ; filles de Jérusalem, revêtez vos habits de fête, et chantez, chantez de nouveaux cantiques ».

   « Jérusalem, lève-toi, secoue la poussière de tes cheveux, romps la chaîne de ton cou, lève-toi, ton Sauveur est venu. Tu as été vendue, et voici que le Seigneur t'a rachetée ; chante, Jérusalem. L'abondance et la paix se lèvent avec le jour du Seigneur. Chantons au Seigneur et bénissons son nom, annonçons à l'univers le jour de son salut. Que les nations se redisent les prodiges qu'il a faits, et que les peuples soient dans la joie. Que le ciel se réjouisse, que la terre s'exalte de joie, que la mer s'agite et soulève ses grandes eaux en signe d'allégresse, et que les champs et toutes les plantes qui y croissent tressaillent de plaisir, car voici venu le jour du Seigneur ».

   Ainsi passe pour le chrétien le beau jour de Noël ; s'il y a un châtiment pour l'indifférent et pour l'impie, n'est-ce pas de ne rien sentir des joies de cette solennité ? n'est-ce pas de ne plus voir dans le jour de Noël qu'un jour comme un autre, ou pire : un jour de débauche mondaine, d'avalanche de cadeaux sans valeurs, alors que le trésor vient ce jour-là du ciel et non des centres commerciaux ?

   Pour éviter ce malheur, allons tous à Bethléem, et là, à genoux devant cette crèche, demandons-nous à nous-mêmes : Que me veut cet enfant ? et ses petits membres et ses vagissements nous répondront :

   Il veut me guérir, je suis donc malade. Oui, au jour de sa révolte, mon premier père a reçu du démon deux coups mortels, d'où sont venues deux larges plaies qu'il m'a transmises : l'amour déréglé des richesses, et l'amour déréglé des plaisirs ; mais voici que le divin Enfant à ces amours déréglés (appelées autrement "concupiscences") oppose la pauvreté, la souffrance, l'humiliation ; il me dit : Mon fils, détachez votre cœur de toutes ces choses, je suis descendu du ciel pour vous instruire, je suis votre cadeau ; le monde, il est vrai, vous prêche une doctrine contraire à la mienne, mais je suis la Sagesse éternelle, et le monde ne me connaît pas. Les richesses, les plaisirs ne peuvent faire votre bonheur, ce sont des biens périssables, et vous êtes immortel, ce sont des biens finis, et les désirs de votre cœur, destiné à se remplir de Dieu, sont infinis.

   Il faut remonter aux premiers siècles de l'Église pour trouver l'origine de la fête de Noël. Ce jour-là, le prêtre dit trois messes : la première pour célébrer la naissance éternelle du Fils de Dieu dans le sein de son Père ; la seconde, sa naissance de la bienheureuse Vierge Marie ; la troisième, sa naissance spirituelle dans nos âmes par la foi et la charité.

   Dès le lendemain de Noël, l'Église célèbre avec pompe le triomphe du premier martyr, puis la fête de l'apôtre S. Jean, le disciple bien-aimé, puis celle des saints Innocents, ces jeunes victimes au-dessous de deux ans emportées par la cruelle jalousie d'Hérode, et qui, maintenant glorifiées dans le ciel, sont couronnées devant l'autel de l'Agneau. L'Église se plaît à mettre sous nos yeux tous ces triomphes miraculeux, pour nous montrer la vertu toute-puissante de l'Enfant divin ; car c'est lui qui donna le courage à Étienne, qui alluma le feu de l'amour chrétien dans le cœur de Jean et qui couronna les innocentes victimes de Bethléem ; en nous révélant l'esprit du christianisme, tous ces glorieux souvenirs affermissent la foi à la divinité du fils de Marie.

   En cela l'Église suit la conduite du Père éternel : à chaque humiliation de son Fils correspond une manifestation de sa gloire ; en Jésus-Christ l'homme ne paraît jamais seul, le Dieu apparaît toujours à ses côtés, il s'anéantit dans la crèche, mais l'armée des cieux vient chanter sa naissance. Il en est de même dans tout le cours de sa vie, des prodiges révélateurs de sa divinité accompagneront chacun de ses abaissements.



jeudi 8 décembre 2011

8 décembre : Immaculée Conception


Fête de l'Immaculée Conception




       Immaculée, c'est-à-dire sans tache : non pas parce que Marie est mère et vierge à la fois, mais parce qu'elle-même a été conçue exempte du péché originel par l'anticipation du sacrifice rédempteur de la Croix. C'est le grand privilège de celle qui devint la mère du Fils de Dieu. Son âme n'a jamais été, un seul instant, souillée par le péché. Nouvelle Eve, cadette du genre humain par sa pureté originelle, c'est elle qui a été choisie et préparée merveilleusement de toute éternité pour renouveler l'humanité en accueillant le Verbe en son sein. Tota pulchra es, Maria : et macula non est in te !

       Puisse Dieu, qui par la conception immaculée de la Vierge, a préparé à son Fils une demeure digne de lui, et l'a préservée de toute tache en prévision des mérites de la mort de ce même Fils, daigner nous accorder, par son intercession, de parvenir jusqu'à Lui purs de toute souillure ! 




       A l'occasion de cette grande fête, le blog Vidi-Aquam choisit officiellement l'Immaculée Conception comme patronne principale ; que cette modeste œuvre lui soit consacrée et que par son intercession elle puisse servir à la gloire de Dieu et au salut des âmes.




mardi 6 décembre 2011

La Saint Nicolas !

6 décembre : Saint Nicolas de Myre, patron de la Lorraine, des écoliers, des enfants, des filles à marier, des étudiants, des enseignants, des marins et de la Russie ! 



       Saint Nicolas est né vers 270 en Asie Mineure. Dès son plus jeune âge, il fit montre d'une grande piété, en faisant tous ses efforts pour plaire au Bon Dieu. Animé d'une grande charité, il se rendit en pèlerinage à Jérusalem où il reçut la révélation de se rendre à Myre, ville dans laquelle il devint évêque ; à ce titre, il participa au concile de Nicée (325) et défendit la divinité du Christ contre les hérésies christologiques de l'époque. La renommée de sa générosité donna lieu à de nombreuses légendes, dont nous retrouvons la trace dans la dévotion au grand ami des enfants. Ce titre lui vient du fait que, pendant sa vie, il sauva au cours d'un voyage, trois enfants. Il mourut un 6 décembre, vers 350. Son tombeau devint un lieu de pèlerinage en Asie Mineure, avant que ses reliques ne soient transportées à Bari, dans le sud de l'Italie, pour les protéger des musulmans. Depuis cet évènement, le culte de Saint Nicolas s'est répandu dans toute l'Europe, où ce saint est très populaire, notamment en France (Alsace-Lorraine), mais aussi en Belgique, Luxembourg, Pays-Bas, Allemagne, Russie, Pologne et Autriche.


       Puisse Saint Nicolas intercéder pour le salut de nos âmes, mais aussi pour la France où il est connu et vénéré : qu'elle retrouve sa vocation de première nation chrétienne et se (re)convertisse à l'Évangile de Jésus-Christ, seule et unique voie de salut.

lundi 5 décembre 2011

Ex Sion

La vertu seule assure le vrai bonheur (par J. de Maistre)




i quelquefois la vertu paraît avoir moins de talent que le vice pour obtenir les richesses, les emplois, si elle est gauche pour toute espèce d'intrigues, c'est tant mieux pour elle, même temporellement ; il n'y a pas d'erreur plus commune que celle de prendre une bénédiction pour une disgrâce : n'envions jamais rien au crime ; laissons-lui ses tristes succès, la vertu en a d'autres ; elle a tous ceux qu'il lui est permis de désirer, et quand elle en aurait moins, rien ne manquerait encore à l'homme juste, puisqu'il lui resterait la paix, la paix du cœur ! trésor inestimable, santé de l'âme, charme de la vie, qui tient lieu de tout et que rien ne peut remplacer ! Par quel inconcevable aveuglement semble-t-on souvent n'y pas faire attention ? D'un côté est la paix et même la gloire : une bonne renommée du moins est la compagne inséparable de la vertu, et c'est une des jouissances les plus délicieuses de la vie ; de l'autre, se trouve le remords et souvent aussi l'infamie. Tout le monde convient de ces vérités, mille écrivains les ont mises dans tout leur jour, et l'on raisonne ensuite comme si on ne les connaissait pas. Cependant peut-on s'empêcher de contempler avec délice le bonheur de l'homme qui peut se dire chaque jour avant de s'endormir : Je n'ai pas perdu la journée ; qui ne voit dans son cœur aucune passion haineuse, aucun désir coupable ; qui s'endort avec la certitude d'avoir faire quelque bien, et qui s'éveille avec de nouvelles forces pour devenir encore meilleur ? Dépouillez-le, si vous voulez, de tous les biens que les hommes convoitent si ardemment, et comparez-le à l'heureux, au puissant Tibère, écrivant de l'île de Caprée sa fameuse lettre au sénat romain ; il ne sera pas difficile, je crois, de se décider entre ces deux situations.

       Dire que le crime est heureux dans ce monde, et l'innocence malheureuse, c'est une véritable contradiction dans les termes ; c'est dire précisément que la pauvreté est riche et l'opulence pauvre : mais l'homme est fait ainsi : toujours il se plaindra, toujours il argumentera contre son père. Ce n'est point assez que Dieu ait attaché un bonheur ineffable à l'existence de la vertu ; ce n'est pas assez qu'il lui ait promis le plus grand lot sans comparaison dans le partage général des biens de ce monde ; ces têtes folles dont le raisonnement a banni la raison ne seront point satisfaites : il faudra absolument que leur juste imaginaire soit impassible, qu'il ne lui arrive aucun mal, que la pluie ne mouille pas, que la nielle s'arrête respectueusement aux limites de son champ, et que, s'il oublie par hasard de pousser ses verrons, Dieu soit tenu d'envoyer à sa porte un ange avec une épée flamboyante, de peur qu'un voleur heureux ne vienne enlever l'or et les bijoux du juste.

(Soirées de Saint-Pétersbourg, IIIe Entretien.)