mardi 12 juin 2012

De la sanctification du réveil et du lever





'œuvre de notre sanctification dépend essentiellement de la manière dont nous nous acquittons des devoirs ordinaires de notre état. Il y a bien peu de jours dans la vie où il se rencontre des choses extraordinaires, de grandes œuvres, de grands sacrifices à accomplir. Cela peut arriver cependant ; mais les actions ordinaires de chaque jour, ce qui remplit nos heures, voilà véritablement pour nous la matière et l'exercice de la vertu. C'est ce qu'il ne faudrait pas oublier pour savoir rester sagement où l'on est, pour bien faire ce que l'on fait, pour tâcher d'accepter chaque journée comme un don de Dieu.

     Il y a dans chacune de nos journées un instant, un premier instant du jour, où nous renaissons à la vie : c'est celui du réveil. A ce moment Dieu nous rend à nous-mêmes, à nos devoirs, à nos peines souvent, mais aussi à lui et à notre vocation en ce monde. Ce moment du réveil est d'une grande importance; trop souvent on l'emploie mal, et on laisse prendre à son âme, pour toute la journée, une direction fâcheuse. Mille pensées se présentent, mille inutilités, des souvenirs de la veille, fatigants parfois; des embarras que l'on prévoit; des troubles de la conscience ou du cœur; des choses extérieures, matérielles, la parole inutile qui déjà se multiplie. Quand il faudrait se recueillir en soi-même pour commencer cette nouvelle existence, comme le premier homme la commença en la recevant pour la première fois de la main de Dieu, nous nous répandons déjà, comme une fontaine qui verse une eau stérile, sans donner un cours réglé à nos pensées et à notre volonté.

     Que faut-il donc faire, en s'éveillant, pour ne pas rêver encore et rêver longtemps ? Ce qu'il faut, c'est prendre l'habitude, aussitôt qu'on pense, aussitôt qu'on a la connaissance de la vie qui est rendue, de se recueillir un moment en silence, pour s'offrir à Dieu, se donner à Dieu, lui donner ce cœur, cette pensée, qui lui appartiennent. Cette pensée, c'est lui qui la donne; ce cœur, c'est lui qui le fait battre; cette heure, ce jour, c'est lui qui les accorde. Eh bien, là se représente dans toute sa vérité, dans toute sa force, le devoir de chercher le Seigneur, de tendre à lui, de lui rendre ce qui lui est dû. Quoi que vous ayez fait hier, quels que soient les embarras, les peines, les difficultés qui se présentent aujourd'hui, ils doivent attendre, ils auront leur moment, leur heure. L'heure présente, le moment présent, appartiennent à Dieu seul. C'est pour cela que dans l'Écriture il est parlé du sacrifice du matin. Voyez : toute la nature s'éveille avec vous et s'offre à son Créateur dans son langage; il faut que votre âme fasse de même : Mon Dieu, prenez-moi ! je suis à vous ! Seigneur, me voici pour accomplir votre volonté !

     J'ajouterai ceci : Vous avez une Mère qui règne au ciel. Que son nom soit un des premiers qui se retrouvent sur vos lèvres : Ô Marie, conçue sans péché ! priez pour moi, gardez-moi sous votre protection tutélaire ! Je vous appartiens, gardez-moi toujours.

     Cela n'a rien d'extraordinaire ni d'impossible; ce n'est pas la perfection des saints, qu'on ne peut atteindre; c'est la simplicité d'un enfant qui se donne à son Père. Ce sont des choses petites en apparence, mais grandes et importantes, puisqu'elles nous mettent en communication avec Dieu et en rapport avec le ciel.

     Ce premier devoir accompli de l'offrande de notre cœur à Dieu et à Marie, il faut surmonter la paresse, qui est trop souvent près du chevet, avec laquelle on s'entretient et l'on dispute pour être vaincu. Il y a là un sacrifice à faire. Il faut tâcher de se lever à une heure convenable, et, s'il se peut, réglée. Des raisons de santé peuvent modifier cette heure; mais il faut prendre garde à la mollesse, à la nonchalance, qui plus ou moins entraînent. La diligence donne une vigueur nouvelle à l'âme et la remplit de joie.

     Lorsque vous avez ainsi porté votre esprit et votre cœur vers Dieu au premier moment du jour, c'est comme une horloge bien réglée, comme une impulsion donnée, comme un mouvement qui continue de soi-même; c'est une route que vous avez ouverte, et que vous pouvez suivre fidèlement. Mais si, dès ce premier moment, l'aiguille ne marque pas l'heure de Dieu, si le mouvement n'est pas bien donné, si la route n'est pas prise pour aller vers Dieu, où irez-vous ? que marqueront vos heures ? que seront vos minutes ? Triste chose ! C'est le vent qui souffre, la feuille qui s'envole, la poussière qui se remue et disparaît. Rien, rien de vrai, rien de solide. Prenez garde ! prenez bien garde ! Que votre journée commence chrétiennement.
R. P. de Ravignan.
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Acte de résignation
(Madame Élisabeth de France.)

     Que m'arrivera-t-il aujourd'hui, ô mon Dieu ? Je n'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est qu'il ne m'arrivera rien que vous n'ayez réglé, prévu, ou ordonné de toute éternité. Cela me suffit, ô mon Dieu, cela me suffit. J'adore vos décrets éternels et impénétrables, je m'y soumets de toute mon cœur pour l'amour de vous; je veux tout; j'accepte tout; je vous fais le sacrifice de tout, et j'unis ce sacrifice à celui de Jésus-Christ, mon divin Sauveur. Je vous demande, en son nom et par ses mérites, la patience dans mes peines, et la soumission parfaite qui vous est due pour tout ce que vous voulez ou permettez. 
Ainsi soit-il.


Prière de Fénélon

     Seigneur, après nous avons confondus par la vue de nos misères, consolez-nous par celle de vos miséricordes; faites qu'aujourd'hui enfin nous commencions à nous corriger, à nous détacher, à fuir les faux biens, qui sont pour nous de véritables maux; à ne croire que votre vérité, à n'espérer que vos promesses, à ne vivre que de votre amour. Donnez, et nous vous rendrons; soutenez-nous contre notre faiblesse. Fortifiez mon cœur, ô mon Dieu, contre les tentations de cette journée; que je marche en votre présence, que j'agisse dans la dépendance de votre esprit. Ô jour précieux, qui sera peut-être le dernier d'une vie si courte et si fragile ! Ô jour heureux, s'il nous avance vers celui qui n'a pas de fin ! Saints Anges à qui nous sommes confiés, conduisez-nous comme par la main dans la voie de Dieu, de peur que notre pied ne heurte contre quelque pierre. Ô mon Dieu, donnez votre amour aux vivants et votre paix aux morts !

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