mercredi 20 juin 2012

Breviarium Romanum



e Bréviaire, Breviarium, abrégé, est une abrégé du grand Office qui se célébrait dans les églises abbatiales ou conventuelles au XIIe siècle. L'organisation de cet abrégé est due principalement aux clercs de la Curie romaine et aux moines mendiants, franciscains et dominicains. Les collaborateurs immédiats du Pape, obligés de le suivre dans ses déplacements, fréquents au Moyen-Âge, ne pouvaient prendre part à l'Office solennel des Basiliques, ni trouver le temps de réciter un très long Office. Les Frères mendiants, obligés de voyager beaucoup, avaient besoin de livres d'Office qui ne fussent pas trop coûteux et qu'on pût emporter avec soi. Grégoire IX autorisa les moines mendiants à se contenter de l'Office moderne qu'il avait lui-même organisé en abrégeant l'Office alors en usage et qui contenait leur Bréviaire, dans ces Breviaria que le chapitre dominicain de Milan en 1270, mentionne sous le nom de Breviaria portatilia.

     L'Office, dont le Bréviaire est l'abrégé, n'était pas au XIIe siècle, d'institution récente. Pour retrouver ses origines, il faut aller jusqu'à Notre-Seigneur lui-même. De la prière individuelle, Notre-Seigneur avait dit : « Il faut toujours prier et ne jamais cesser. » (Lc, XVIII, 1.) Une âme vraiment chrétienne doit se maintenir en union d'amour avec le Seigneur, en sorte que toute sa vie de travail, de récréation ou de repos soit prière.

     Mais à cette recommandation de prière individuelle continue, Notre-Seigneur a joint celle d'une prière commune : « En vérité je vous le dis, si deux d'entre vous sont d'accord sur une demande quelconque, cela leur adviendra de la part de mon Père qui est dans les cieux. Car là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux. » (Mt, XVIII, 19 et 20.)

     Les premiers chrétiens avaient bien retenu la leçon du Maître et se réunissaient, non seulement dans leurs maisons pour la fraction du pain, pour le sacrifice eucharistique, mais aussi suivaient en groupes les prières publiques du temple. (Actes, II, 46.)

     C'est dans le sens d'une ordonnance relative au règlement des prières communes, qu'on entend généralement de verset de la Ier Épître à Timothée, II, 1 : « Je demande donc qu'avant tout, on fasse des obsécrations, prières, demandes, actions de grâces, pour tous les hommes, pour les rois et pour toutes les autorités constituées, afin que nous menions une vie calme et tranquille en toute piété et honnêteté. » Saint Clément de Rome écrivant aux Corinthiens en 96, fait remonter jusqu'au Christ, par les Apôtres, la réglementation de la prière dans les réunions chrétiennes.

     Dès le IIIe siècle, nous voyons signaler, par saint Clément d'Alexandrie et Tertullien, à côté des prières du matin et du soir et aussi des vigiles à certains jours, les heures de Tierce, Sexte et None comme particulièrement désignées pour des prières d'actions de grâces en souvenirs des bienfaits divins qui les ont signalées à notre piété. Mais c'est au cours du IVe siècle, après la paix Constantinienne, que le développement des communautés monastiques entraîne le développement et l'organisation de la prière publique.

     Saint Benoît donne à la prière monastique une ordonnance si bien appropriée aux capacités et aux besoin de notre humaine nature, qu'avec saint Grégoire le Grand, elle devient en grande partie celle de l'Office romain et, avec Charlemagne, celle de la plupart des églises dans son empire. Cependant, chaque église restant libre d'organiser son Office comme elle l'entendait, sur le fond commun, se greffent des usages particuliers dont la diversité s'accuse à mesure que passent les siècles.

     Au XIIe siècle la mise en usage des Breviaria et l'expansion des Ordres mendiants, qui portent partout leurs Bréviaires uniformisés en grande partie sur le modèle romain, ramènent un peu d'unité et préparent l'unification que les décrets réformateurs de saint Pie V, après le concile de Trente, imposeront à toutes les liturgies ne justifiant pas d'une approbation pontificale ou d'une coutume d'au moins deux cents ans.

     Le bréviaire de saint Pie V, dont Urbain VIII a fait corriger les hymnes, est resté en usage jusqu'à la réforme de Pie X. Cette réforme ne l'a d'ailleurs pas modifié substantiellement. Elle n'a fait qu'organiser le psautier et les rubriques, en réglant la célébration de l'Office de saints de telle façon que ces fêtes n'empêchent pas la récitation du psautier complet chaque semaine et la lecture des leçons d'Écritures sainte telles que l'antiquité les avaient prévues.  

     « L'Église catholique romaine de nos jours prie ainsi en harmonie et en relation avec l'Église des premiers siècles, quoiqu'elle le fasse d'une façon quelque peu modifiée et développée. » (Dom Boemer.)

     C'est évidemment en vue de la récitation chorale, que notre Bréviaire a été organisé. Il est composé de trois parties, I° d'une partie poétique, Psaumes et Hymnes, destinée à vivifier et à actualiser les sentiments habituels que nous donne la connaissance de la Tout-Puissance de Dieu, du pouvoir d'intercession des Saints, de notre misère et de nos besoins, ainsi que des relations que nous pouvons avoir avec Dieu et les Saints ; 2e d'une partie didactique, Leçons, Capitules et Versets, destinée à développer et à renouveler notre connaissance des vérités religieuses spéculatives ou pratiques sur lesquelles s'appuient les sentiments exprimés dans la partie poétique ; 3e de la prière où le président de l'Office, au nom de toute l'assemblée, demande l'effusion de grâce qu'on attend de la célébration de cet Office.

     La psalmodie est responsale quand le psaume est tout entier récité par la même voix, récitation entrecoupée par la reprise d'un même verset récité comme refrain par tout le chœur. C'est le cas du Venite avec son Invitatoire.

     La psalmodie est antiphonale, à voix alternées, quand elle est récitée ou chantée à deux chœurs. L'Antienne est généralement une formule rappelant le verset du psaume dont la pensée a motivé de choix de ce psaume pour cet office. 

     Les Hymnes évoquent, en poésie latine, les sentiments que doit éveiller la fête qu'on célèbre ou l'heure du jour à laquelle l'Office est consacré.

     Les leçons, partie principale de l'élément didactique du Bréviaire, se disent à l'Office de nuit. Tous les livres de la Bible y sont représentés par de larges extraits, au Ier Nocturne. Les leçons du IIe Nocturne donnent la légende du saint ou un sermon des Pères, ou des extraits d'une lettre pontificale sur le mystère du jour. Le répons qui suit répète la pensée principale, ou de la leçon, ou plus souvent du temps liturgique auquel appartient l'Office.  Les Capitules, les Répons brefs et les Versets ont le même but de bien fixer dans l'esprit les pensées qui se dégagent de l'Office du jour. 

     L'oraison finale s'adresse au Père et se termine par la formule : Par Notre-Seigneur etc., ou bien au Fils et alors on finit en disant : Qui règne avec vous etc. Elle ne s'adresse jamais au Saint-Esprit, parce que c'est du Saint-Esprit que procède toujours la vraie prière selon cette parole de S. Paul : Le Saint-Esprit vient au secours de notre infirmité ; car de nous-mêmes, nous ne savons pas prier comme il faut ; mais c'est l'Esprit lui-même qui demande pour nous par des gémissements inénarrables. (Rm. VIII, 26).

     L'Office liturgique destiné à consacrer tous les moments de la vie humaine embrasse la nuit et le jour. Le nocturne (ou les trois pour les fêtes importantes) des Matines consacre les trois veilles qui partageaient la nuit chez les Romains. Les Laudes correspondent aux première lueurs de l'aube, Prime au lever du soleil, excellente prière du matin. Tierce célèbre, à neuf heures, la descente du Saint-Esprit. Sexte, à midi, honore le crucifiement ; None, à trois heures, la mort de Notre-Seigneur en croix. Les Vêpres sont la prière du coucher du soleil et les Complies nous suggèrent les sentiments dans lesquels, après une journée de service, nous devons aller prendre notre repos.

     Plus nous rapprocherons de cet horaire, notre récitation de l'Office, plus elle nous sera facile, agréable et bienfaisante. Évidemment, il est nombre de cas où cela ne nous sera pas possible, mais faisons ce que nous pouvons et, si nous avons pris la mauvaise habitude de dire tout notre bréviaire, sans le distribuer, et à des heures qui n'ont aucun rapport avec sa distribution liturgique, ne nous étonnons pas qu'il soit, pour nous, en pareille condition, une véritable charge, l'onus diei, au sens plénier du mot, alors qu'il et le charme et l'appui de celui qui peut dire, comme le psalmiste : Septies in die laudem dixi tibi (Ps. CXVIII, 164.)





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