e baptême, premier anneau de cette longue chaîne de bienfaits que le nouvel Adam a préparés pour soutenir l'homme sur le chemin de la vie, est un sacrement qui remet le péché originel et nous fait enfants de Dieu et de l'Église. Que le baptême soit un vrai sacrement de la loi nouvelle, c'est une vérité sur laquelle aucun doute ne peut exister : il réunit toutes les conditions qui en font un véritable sacrement.
Matière. La matière du baptême , c'est toute espèce d'eau naturelle : l'eau de mer, de rivière, de marais, de puits, de fontaine. Le sacrement du baptême étant absolument nécessaire pour le salut, Notre-Seigneur a choisi pour en devenir la matière l'eau qui se trouve partout. D'ailleurs l'eau représente très-bien l'effet du baptême : elle lave les souillures du corps et par là elle exprime sensiblement l'action du baptême sur l'âme qu'elle purifie de ses péchés.
Forme. La forme du baptême, ce sont les paroles que le ministre prononce en versant l'eau sur le corps du baptisé : Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ces paroles doivent être prononcées, non avant ou après l'ablution, mais pendant que l'ablution se fait, par celui-là même qui la fait, autrement le baptême serait invalide. C'est sur la tête préférablement à toute autre partie du corps que l'eau doit être versée, parce que la tête est comme le siècle où aboutissent tous les sens intérieurs et extérieurs. L'Église admet trois façons d'administrer le baptême : par immersion, par infusion, par aspersion.
Le baptême par immersion était le plus usité dans les premiers siècles de l'Église et jusqu'au XIVe siècle : le prêtre et le parrain si le baptisé était un homme, le prêtre et la marraine si c'était une femme, le tenant par la main, descendaient avec lui les marches des fonts sacrés ; de dessus la dernière, ils le plongeaient trois fois dans l'eau salutaire en l'honneur des trois personnes de la sainte Trinité.
Le baptême par infusion est seul en usage parmi nous ; il était déjà connu dans les premiers siècles, et on l'administrait de la sorte quand il y avait impossibilité de plonger le baptisé dans l'eau.
Enfin, le baptême par aspersion a lieu dans le cas de nécessité. Peu importe au reste qu'on fase une ou trois ablutions, le baptême avec une ou plusieurs ablutions a toujours été regardé comme valide, mais il faut observer le rite prescrit par l'Église.
On distingue trois sortes de baptêmes : le baptême d'eau, c'est le sacrement ; le baptême de feu, c'est le désir de recevoir le sacrement ; le baptême de sang, c'est le martyre. Le second et le troisième ne sont pas des sacrements; on les appelle baptêmes, parce qu'ils purifient l'âme de ses péchés, et suppléent le défaut du sacrement lorsqu'on ne peut le recevoir.
Ministre. Les ministres sont les évêques et les prêtres. Dans les premiers siècles de l'Église c'était ordinairement l'évêque qui administrait solennellement le baptême, surtout à Pâques et à la Pentecôte ; il se paraît de ses habits les plus magnifiques ; toute l'Église jeûnait pour attirer les regards favorables du Seigneur sur les catéchumènes. Ces usages disparurent lorsque, le nombre de personnes à baptiser augmentant, on dut administrer le sacrement tous les jours et à toutes les heures.
En cas de nécessité, le baptême peut être administré, mais sans cérémonie, par toute personne, homme ou femme, de quelque religion qu'elle soit, pourvu qu'en baptisant elle ait l'intention de faire ce que fait l'Église catholique quand elle administre ce sacrement.
L'usage de donner des parrains et des marraines à ceux qui se présentent pour recevoir le baptême remonte au commencement de l'Église : les parrains et marraines présentaient les catéchumènes, les surveillaient pendant leur catéchuménat, les recevaient au sortir des fonts sacrés, en répondaient à l'Église et se rendaient garants de leur foi; c'est pour cela qu'on les nommait répondants et cautions. Plus tard on leur a donné le nom de parrains et marraines, c'est-à-dire autres pères et mères, parce qu'ils concourent à la naissance spirituelle du baptisé.
Rien de plus juste et de mieux justifié que de confier à la sagesse et aux soins de quelqu'un qui les forme à la pratique des vertus, ceux qui viennent de naître à Jésus-Christ ; il y a pour les parrains et marraines un véritable devoir, une sérieuse responsabilité, quoique la plupart n'y songent guère : les rapports entre eux leurs filleuls sont intimes et sacrés ; aussi c'est avec sagesse que l'Église a établi une affinité spirituelle entre celui qui baptise et celui qui est baptisé, entre le parrain ou la marraine et son filleul, de telle sorte que le mariage ne peut se contracter entre ces personnes.
Notre-Seigneur institua le baptême lorsqu'il fut lui-même baptisé par S. Jean. Les Pères de l'Église nous l'enseignent lorsqu'ils disent que dans ce moment l'eau reçut la vertu de régénérer en donnant la vie spirituelle. Aussi ce fut au moment du baptême de Notre-Seigneur que la sainte Trinité tout entière, au nom de laquelle on confère le baptême, manifesta sa présence. La voix du Père fut entendue, la personne du Fils était présente, et le Saint-Esprit descendit en forme de colombe : Notre-Seigneur manifesta ensuite à Nicodème l'institution de ce sacrement lorsqu'il lui dit : Si quelqu'un ne renaît de l'eau et du Saint-Esprit, il ne peut entrer dans le royaume des cieux. L'obligation de recevoir le baptême pour être sauvé commença le jour où le Sauveur dit à ses apôtres : « Allez, enseignez toutes les nations, et baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. »
Les effets que produit le baptême sont admirables : il efface le péché originel et tous les péchés actuels qu'on a commis avant de le recevoir ; il remet toutes les peines dues aux péchés, de sorte que celui qui meurt immédiatement après son baptême entre sans délais dans le ciel ; il nous fait enfants de Dieu, héritiers de son royaume, cohéritiers de Jésus-Christ, et enfants de l'Église, c'est-à-dire qu'il nous met au nombre des fidèles, qu'il nous donne droit aux sacrements, et nous fait participer à tous les autres biens de l'Église.
L'Église ne demande des enfants qui n'ont pas l'âge de raison aucune disposition pour leur administrer le baptême ; elle leur prête son cœur et sa bouche parce qu'ils ne peuvent pas encore croire de leur propre cœur pour être justifiés, ni confesser de leur propre bouche pour être sauvés ; aux adultes elle demande leur consentement, la foi, la connaissance des choses nécessaires à croire, la douleur sincère de leurs péchés.
Quant aux obligations que nous contractons au baptême, elles sont fondées sur les promesses que nous y faisons à Dieu, et sur les dons qu'il nous fait, et consistent à demeurer perpétuellement attachés à Jésus-Christ, à rester toujours unis à l'Église, à renoncer à tout ce qui est contraire à la vie que doivent mener les enfants de Dieu. Il est fort utile de renouveler les promesses du baptême pour s'exciter à les accomplir et pour réparer les fautes qu'on a faites contre ses vœux solennels.
C'est un article de foi que nul ne peut être sauvé, c'est-à-dire voir Dieu face à face dans le ciel, s'il n'est pas baptisé. Les paroles du Sauveur sont formelles. Telle fut aussi dans tous les siècles la doctrine invariable de l'Église, proclamée dans le concile de Trente. « Si quelqu'un prétend, dit l'auguste assemblée, que le péché d'Adam, unique dans son principe, mais commun à tous et propre à chacun par transmission, et non point par une simple imitation, est effacé par des effets humains ou par tout autre moyen que par les mérites seuls du médiateur unique Notre-Seigneur Jésus-Christ qui nous a réconciliés avec Dieu dans son sang, en devenant notre justice, notre sanctification et notre rédemption ; ou s'il nie que les mérites mêmes de Jésus-Christ sont appliqués aux enfants et aux adultes par le sacrement du Baptême, conféré suivant les formes usitées dans l'Église, qu'il soit anathème ! »
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