lundi 24 octobre 2011

Immortalité de l'âme

IMMORTALITÉ DE L'ÂME


       Que sont toutes les tribulations du monde, ses douleurs, ses injustices, pour qui se sent immortel ! L'immortalité change tout en nous et hors de nous. Au dehors elle rend le sacrifice facile, puisqu'elle remplit toute notre âme de ses radieuses espérances; au dehors elle ôte au malheur se réalité, elle le transforme, elle l'amoindrit, elle le détruit. Quand on se sent immortel, il faut faire un effort sur son esprit et sur son cœur pour prendre au sérieux ces soixante ans d'épreuves qu'on appelle la vie humaine, et ces agitations d'un jour qu'on appelle des affaires et qui épuisent l'activité des âmes frivoles. La consolation et l'espérance, ces deux soutiens de l'homme, ne sont rien sans l'immortalité qui les fonde.
        Les preuves de l'immortalité de notre âme sont nombreuses et frappantes.

        Dieu n'a rien fait en vain; c'est une vérité qui résulte à la fois du spectacle du monde et de la contemplation des perfections divines. Donc, s'il y a en nous des puissances inutiles à notre vie terrestre, si nos plus belles facultés ne trouvent ici-bas ni leur application ni leur fin, c'est que nous sommes destinés à vivre ailleurs; nous traversons le monde, mais comme des voyageurs qui se hâtent de retourner au foyer natal. Plaignons-nous de la longueur de la route, et non de la mort qui la termine.

       Quand les vers s'empareront de notre corps, notre âme s'élèvera vers ce Dieu qu'elle a entrevu, qu'elle a rêvé, dont elle a cru l'existence, par lequel elle a pensé, par lequel elle a aimé, vers ce Dieu qui remplit notre vie de Lui-même, et qui ne nous a pas donné la pensée et l'amour pour que nous rendions ces trésors à la pourriture et au néant. 
       La bonté de Dieu nous fournit un argument aussi décisif :

       Se peut-il que Dieu soit, et que le malheur, que l'injustice soient ? Si je dois finir avec mon corps, pourquoi Dieu m'a-t-il fait libre ? pourquoi s'est-il révélé à moi dans ma raison ? pourquoi a-t-il fait de l'immuable et de l'éternel l'objet constant de ma pensée ? pourquoi m'a-t-il donné un cœur qu'aucun amour humain ne peut combler ?
       Hélas ! qu'est-ce donc que cette vie ? une suite de déceptions amères, ne voyons-nous pas souvent la justice avoir le dessous dans le monde et le crime triompher ? n'y a-t-il pas des innocents persécutés, calomniés, mourant dans l'affliction, dans les souffrances, sous le poids des plus cruelles misères ? qui soutiendra cette pensée que les âmes de ces innocents ne soient pas reçues dans le sein de Dieu, qui sa bonté et sa justice les récompensera ?

       Nous le demandons : sans la croyance à l'immortalité de l'âme, pourrait-on comprendre le monde ? une chaîne indissoluble unit ensemble la liberté, l'immortalité de l'âme et la Providence de Dieu. Pas un de ces dogmes qui puisse périr sans entraîner la ruine des autres ! Si cette âme est mortelle, ce monde est notre véritable patrie, nous tirons de lui nos peines et nos plaisirs, heureux s'il nous comble de ses faveurs, malheureux s'il nous repousse. Immortels nous ne faisons que traverser ce même monde, il n'est pour nous qu'un accident éphémère et tout est bien, en dépit de la souffrance et de la douleur. Pourvu que nous arrivions au terme de l'épreuve libres de toute souillure. N'accusons pas la Providence pour des infortunes prétendues que nous déposerons. Est-ce donc notre âme qui meurt ? non, c'est l'homme extérieur ; notre vie est avec Dieu, il n'y a de pensée réelle que la pensée de l'éternel, il n'y a d'actions véritables que l'accomplissement du devoir. Le devoir seul est vrai. Homme, de quoi te plains-tu ? de la lutte ? c'est la condition de la victoire ; d'une injustice ? qu'est cela pour un immortel ? de la mort ? c'est la délivrance.
      

      

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