vendredi 28 octobre 2011

La Toussaint



La Toussaint


       L'Église a retracé dans la division de son année toute l'histoire du genre humain ; les quatre semaines de l'Avent qui aboutissent à la naissance du Sauveur, nous rappellent les quatre mille ans pendant lesquels ce divin Messie fut attendu. Le temps qui s'écoule depuis la Nativité jusqu'à la Pentecôte nous redit toute la vie cachée, publique et glorieuse du Rédempteur, et cette partie de l'année se termine par l'Ascension de Jésus-Christ dans le ciel et la fondation de l'Église; l'intervalle qui s'étend depuis la Pentecôte jusqu'à la Toussaint nous représente le pèlerinage de l'Église sur la terre, et cette nouvelle partie de l'année se termine encore par la fête du ciel.

       Pendant ce long espace nous voyons l'Église célébrant tour à tour, pour se consoler de son exil et s'encourager dans ses combats, la fête de ses martyrs, de ses confesseurs, de ses vierges; lorsque l'automne est venu et que le vigneron remplit ses celliers, que la laboureur serre dans ses greniers ses gerbes abondantes, que les hommes recueillent dans la joie leurs biens de toute espèce, fruits de leurs sueurs et de leurs travaux, l'Église crie à tous ses enfants de la terre : En haut les yeux et les cœur; ces biens que vous amassez ne sont que l'image des biens et des joies qui vous attendant au delà du tombeau, semez des vertus et vous moissonneriez des mérites, ennoblissez vos vues, le ciel avec ses palmes et ses couronnes, avec son éternité de gloire et ses torrents de délices est seul digne de vos soins.

       C'est pour exciter en nous ces sentiments que l'Église a institué le fête de la Toussaint. Elle nous montre le ciel peuplé d'hommes de toutes les tribus, de toutes les langues et de toutes les nations; ils furent ce que nous sommes, faibles, tentés, pécheurs même, en un mot enfants d'Adam comme nous; ainsi il ne tient qu'à nous d'être un jour ce qu'ils sont.

       Un général qui, de simple soldat, était parvenu aux premiers grades par sa valeur, aimait à s'entretenir avec les soldats qu'il commandait, à leur raconter ses campagnes, les dangers qu'il avait courus, les fatigues qu'il avait supportées, et ces discours enflammaient le cœur de ceux qui l'écoutaient; la vie des Saints nous enseigne comment on parvient à la gloire céleste, et nous sommes certains, si nous le voulons, d'y parvenir avec le secours de la grâce qui ne nous manque jamais que par notre faute.

       Rappelons aujourd'hui combien la fête de la Toussaint est capable de nous encourager dans la pratique de la religion; à son tribunal, la vertu persécutée, méconnue, calomniée, trouve enfin une éclatante justice, nulle acception de personnes, soyez riche ou pauvre, savant ou ignorant, maître ou serviteur, il n'importe. Avez-vous été l'enfant docile du Père céleste; cette condition remplie, votre nom peut devenir immortel, et vous pouvez pauvre berger, humble laboureur, recevoir des honneurs que les monarques avec toute leur puissances n'obtiendront jamais.

       Le matin de la Toussaint, la pompe de ses cérémonies, l'allégresse de ses hymnes offrent l'expression de la joie. Le soir à ses cantiques viennent se mêler les soupirs, des ornements de deuil remplacent les chapes d'or, et voilà que nous n'apercevons plus dans le temple saint qu'un monument funèbre; c'est une nouvelle fête, la fête des morts; l'Église veut que ce jour soit une fête de famille, elle se présente à nous dans ses trois états différents, triomphante dans le ciel, exilée sur la terre, et gémissante au milieu des flammes expiatrices; ce sont trois sœurs se donnant la main, s'encourageant, se consolant, se soulageant jusqu'au jour où, s'embrassant dans les cieux, elles ne formeront plus qu'une Église éternellement triomphante.

       L'Église dès son origine a prié pour tous ses enfants quand ils mouraient; Tertulien dit : « Nous célébrons l'anniversaire de la nativité des martyrs, et, suivant la tradition des ancêtres, nous offrons le sacrifice pour les défunts au jour anniversaire de leur mort. »

       « Il est fort avéré, dit S. Augustin, et universellement reçu dans toute l'Église, l'usage de prier pour ceux qui sont morts dans la communion du corps et du sang de Jésus-Christ. » Bien souvent, les âmes achèvent d'expier dans le Purgatoire la peine due aux péchés pour lesquels une entière satisfaction n'a pas été obtenue, et nos prières peuvent contribuer à leur soulagement. Aussi, il faut que notre piété soit ranimée en faveur de nos frères qui souffrent. La gloire de Dieu, la charité, la justice sont autant de motifs qui doivent nous engager à prier pour les morts; comme le paralytique de l'Évangile qui, perclus de tous ses membres en enchaîné depuis longtemps sur les bords de la piscine, demandait une main charitable qui l'y fît entrer, les âmes du Purgatoire, retenues par la justice divine, implorent le secours qui brisera leurs chaînes; les justes qui souffrent sont nos frères, tout nous rappelle leur souvenir, les lieux que nous parcourons, les maisons que nous habitons, les biens dont nous jouissons, et le nom même que nous portons. Demandons-leur pourquoi ils souffrent; ils répondront ; J'ai bien laissé sur la terre des parents, mais ils m'oublient, cependant ce que je demande est bien peu, quelques prières, quelques aumônes.

       Puisse cette voix toucher nos cœurs, et procurer la gloire à Dieu, la paix aux morts, et à nous la récompense de la miséricorde; bienheureux les miséricordieux, car ils recevront miséricorde.

lundi 24 octobre 2011

D'honnêtes hommes, c'est la base d'une bonne société !




       La société n'est qu'une grande famille dirigée par des chefs avec pouvoir légitime de commander, et composée d'enfants qui leur doivent assistance, soumission et respect; la patrie n'est que la réunion de toutes les familles particulières; entre la patrie, entre la société et les familles, il y a un lien étroit. Affaiblir les familles, c'est affaiblir la patrie; relever les familles, c'est donner des forces, la puissance et la vie à la patrie. Lors donc que, dans notre modeste sphère, nous disons au père de famille : Soyez honnête, soyez le modèle de ceux sur lesquels vous avez autorité, donnez pour base à votre vie l'amour de l'ordre et du travail, élevez vos enfants moralement, religieusement, nous parlons comme devrait parler le législateur désireux de bien constituer le société. Lorsque nous nous occupons de la jeune famille, lorsque nous veillons sur son éducation, sur sa conduite, lorsque nous cherchons à imprimer dans son cœur des principes qui la mettent à l'abri du danger, des écarts, des chutes de son âge, nous contribuons à préparer de braves soldats, des ouvriers laborieux, des citoyens utiles : nous aussi, chrétiens, nous désirons pour tous l'instruction, mais nous sommes plus exigeants que ces économistes et ces théoriciens qui croient élever l'instruction en la bornant à la connaissance de quelques sciences exactes, à la géographie, à l'histoire, nous voyons dans l'homme autre chose que son intelligence, nous voulons diriger sa volonté, élever son cœur, répondre aux aspirations d'une âme qui domine la matière; c'est pour cela que nous demandons non-seulement qu'on l'instruise, mais qu'on lui donne une solide éducation. C'est bien de savoir lire, mais ce n'est pas assez, il faut savoir distinguer ce qui est bon à lire de ce qui est un poison dangereux; c'est bien de connaître l'histoire, ce n'est pas assez, il faut que le jugement soit assez formé pour apprécier sainement ses leçons; c'est bien pour chaque citoyen de connaitre ses droits, ce n'est pas assez, il faut qu'il soit pénétré de ses devoirs.

       Or, nous n'admettons pas que ce soit élever un enfant que de bannir de son école le nom de Dieu, de le tenir étranger à toute religion, d'ôter toute base à la vertu, toute sanction aux lois de la morale; l'instruction sans l'éducation, au lieu d'être un bienfait, est un péril, parce qu'elle lance l'homme sans boussole et sans gouvernail sur l'océan de la vie où les écueils sont si nombreux et les tempêtes si fréquentes.

       Il faut, pour venger la France humiliée, travailler à lui rendre des mœurs plus pures, des habitudes plus sages, des tendances plus sérieuses, des sentiments plus religieux. Il faut demander plus de respect pour toutes les autorités, plus de modération dans les ambitions, plus de régularité dans la vie privée, afin d'introduire plus d'honnêteté et de désintéressement dans la vie publique; n'hésitons pas à inscrire en tête de nos institutions le mot de religion comme drapeau seul capable de nous rendre la supériorité et la victoire; crier à la vengeance par les armes ou par les urnes, c'est aujourd'hui pousser un cri vain et prématuré. Attaquer en même temps les droits les plus respectables, prêcher l'opposition et la révolte contre toutes les supériorités, c'est préparer de nouveaux désastres. Ah ! croyons-le bien, la force matérielle n'est qu'une puissance insuffisante; la vraie force d'une nation repose sur la discipline de ses armées, sur l'ordre dans toute la société, sur la stabilité des institutions, sur le respect de tous les droits, et pour que notre France redevienne forte et heureuse, il n'y a qu'un moyen, c'est de fonder son gouvernement sur la justice véritable, les lois sur la sagesse, et qu'elle puisse puiser le dévouement et la fidélité de tous les cœurs dans les mœurs épurées et dans une meilleure constitution de la famille.

« La justice élève les nations, et le péché rend les peuples misérables.»




Immortalité de l'âme

IMMORTALITÉ DE L'ÂME


       Que sont toutes les tribulations du monde, ses douleurs, ses injustices, pour qui se sent immortel ! L'immortalité change tout en nous et hors de nous. Au dehors elle rend le sacrifice facile, puisqu'elle remplit toute notre âme de ses radieuses espérances; au dehors elle ôte au malheur se réalité, elle le transforme, elle l'amoindrit, elle le détruit. Quand on se sent immortel, il faut faire un effort sur son esprit et sur son cœur pour prendre au sérieux ces soixante ans d'épreuves qu'on appelle la vie humaine, et ces agitations d'un jour qu'on appelle des affaires et qui épuisent l'activité des âmes frivoles. La consolation et l'espérance, ces deux soutiens de l'homme, ne sont rien sans l'immortalité qui les fonde.
        Les preuves de l'immortalité de notre âme sont nombreuses et frappantes.

        Dieu n'a rien fait en vain; c'est une vérité qui résulte à la fois du spectacle du monde et de la contemplation des perfections divines. Donc, s'il y a en nous des puissances inutiles à notre vie terrestre, si nos plus belles facultés ne trouvent ici-bas ni leur application ni leur fin, c'est que nous sommes destinés à vivre ailleurs; nous traversons le monde, mais comme des voyageurs qui se hâtent de retourner au foyer natal. Plaignons-nous de la longueur de la route, et non de la mort qui la termine.

       Quand les vers s'empareront de notre corps, notre âme s'élèvera vers ce Dieu qu'elle a entrevu, qu'elle a rêvé, dont elle a cru l'existence, par lequel elle a pensé, par lequel elle a aimé, vers ce Dieu qui remplit notre vie de Lui-même, et qui ne nous a pas donné la pensée et l'amour pour que nous rendions ces trésors à la pourriture et au néant. 
       La bonté de Dieu nous fournit un argument aussi décisif :

       Se peut-il que Dieu soit, et que le malheur, que l'injustice soient ? Si je dois finir avec mon corps, pourquoi Dieu m'a-t-il fait libre ? pourquoi s'est-il révélé à moi dans ma raison ? pourquoi a-t-il fait de l'immuable et de l'éternel l'objet constant de ma pensée ? pourquoi m'a-t-il donné un cœur qu'aucun amour humain ne peut combler ?
       Hélas ! qu'est-ce donc que cette vie ? une suite de déceptions amères, ne voyons-nous pas souvent la justice avoir le dessous dans le monde et le crime triompher ? n'y a-t-il pas des innocents persécutés, calomniés, mourant dans l'affliction, dans les souffrances, sous le poids des plus cruelles misères ? qui soutiendra cette pensée que les âmes de ces innocents ne soient pas reçues dans le sein de Dieu, qui sa bonté et sa justice les récompensera ?

       Nous le demandons : sans la croyance à l'immortalité de l'âme, pourrait-on comprendre le monde ? une chaîne indissoluble unit ensemble la liberté, l'immortalité de l'âme et la Providence de Dieu. Pas un de ces dogmes qui puisse périr sans entraîner la ruine des autres ! Si cette âme est mortelle, ce monde est notre véritable patrie, nous tirons de lui nos peines et nos plaisirs, heureux s'il nous comble de ses faveurs, malheureux s'il nous repousse. Immortels nous ne faisons que traverser ce même monde, il n'est pour nous qu'un accident éphémère et tout est bien, en dépit de la souffrance et de la douleur. Pourvu que nous arrivions au terme de l'épreuve libres de toute souillure. N'accusons pas la Providence pour des infortunes prétendues que nous déposerons. Est-ce donc notre âme qui meurt ? non, c'est l'homme extérieur ; notre vie est avec Dieu, il n'y a de pensée réelle que la pensée de l'éternel, il n'y a d'actions véritables que l'accomplissement du devoir. Le devoir seul est vrai. Homme, de quoi te plains-tu ? de la lutte ? c'est la condition de la victoire ; d'une injustice ? qu'est cela pour un immortel ? de la mort ? c'est la délivrance.
      

      

dimanche 23 octobre 2011

Heureux l'homme occupé de l'éternel destin !



Heureux l'homme, occupé de l'éternel destin,
Qui, tel qu'un voyageur qui part de grand matin,
Se réveille, l'esprit rempli de rêverie,
Et dès l'aube du jour se met à lire et prie !
A mesure qu'il lit, le jour vient lentement
Et se fait dans son âme ainsi qu'au firmament.

Il voit distinctement, à cette clarté blême,
Des choses dans sa chambre et d'autres en lui-même;
Tout dort dans la maison; il est seul, il le croit,
Et cependant, fermant leur bouche de leur doigt,
Derrière lui, tandis que l'extase l'enivre;
Les anges souriants se penchent sur son livre.

Victor Hugo

samedi 22 octobre 2011

Dieu seul est tout aimable.



Nous aimons nos parents, nos amis, nos familles,
Nous aimons tous les biens que Dieu mit ici-bas :
La force de nos fils, la grâce de nos filles :
Dieu seul est tout aimable, et nous ne l'aimons pas.

Nous livrons notre vie à des désirs fragiles,
A des rêves fuyants qu'emporte le trépas ;
Notre esprit se consume en des pensées stériles,
Dieu seul est éternel et nous n'y pensons pas,

Pour la gloire et pour l'or, trompeuses bagatelles,
Nous versons nos sueurs, nous épuisons nos pas.
Dieu sollicite en vain nos âmes immortelles,
Lui seul est nécessaire, et nous n'en voulons pas ;
Anatole de Ségur

mardi 4 octobre 2011



Homme ou fleur, notre existence.
Brille un jour et se flétrit,
L'ombre de la mort s'avance,
S'étend sur tout ce qui vit.

Le vent qui sème la plante
Passe encore et la détruit.
L'aurore qui nous enchante
Est un pas vers l'autre nuit.

Aucun être ne résiste
Au décret mystérieux,
Toujours l'hiver morne et triste
Après l'été radieux.

Toujours le son d'une plainte
Se mêle à l'hymne vainqueur;
Toujours vaguement la crainte
Frissonne au fond du bonheur

C'est plus haut que l'on s'abreuve
D'harmonie et de beauté !
Marchons; le temps est un fleuve
Qui coule vers l'éternité !

Marie JENNA.




« Les jours de l'homme passent comme l'herbe ; il fleurit comme la fleur des champs. Qu'un souffle passe sur lui, et il n'est plus, et le lieu qu'il occupait ne le reconnait plus. » Ps.102

« Vanité des vanités, et tout n'est que vanité. » L'Ecclesiaste.


samedi 1 octobre 2011

Une prière


u triste abîme où je me vois,
Dieu, j'ai crié vers vous : exaucez ma prière.
Ne soyez pas sourd à ma voix;
 Prenez pitié de ma misère :
Si vous jetez les yeux sur notre iniquité,
Qui pourra soutenir, grand Dieu, votre présence !
Mais je ne vois en vous qu'indulgence et bonté,
     Et je renais à l'espérance.
Sur votre sainte loi je fonde mon espoir.
Mon âme espère en vous, de l'aube jusqu'au soir,
     Oh, oui, votre douce parole
     Soutient mon âme et la console.
Votre miséricorde est immense, Seigneur :
Votre rédemption fait l'espoir du pécheur.
Aux enfants d'Israël si vous avez fait grâce,
De mon crime effacez jusqu'à la moindre trace.

D'après le psaume 129