mardi 8 janvier 2013

La religion jugée par ses fruits



'est un grand sujet de tristesse et d'étonnement pour tous les fils de l'Église de voir leur Sainte Mère en butte à tant de haines et de calomnies. On connaît l'arbre par ses fruits ; La religion catholique est un arbre immense dont les branches s'étendent sur le monde entier, et à l'ombre duquel ont reposé vingt siècles. On ne peut donc ignorer quels sont ses fruits ; on peut les juger, les goûter, les apprécier.
On parle beaucoup aujourd'hui de progrès et d'évolution. Qu'a fait notre sainte religion pour la civilisation ? Elle a renversé les idoles impures du paganisme, elle a fondé la morale la plus élevée, elle a condamnée et détruit l'esclavage, elle a conservé son flambeau toujours allumé pour éclairer les siècles les moins clairvoyants, et partout ses missionnaires, devançant les commerçants et les guerriers, ont porté la science et des mœurs plus douces au milieu des peuples sauvages. Moteur de toute la vie de l'esprit du millénaire médiéval, c'est à la religion chrétienne que nous devons les plus purs chefs-d'œuvre de notre culture en peinture, en architecture, en littérature, en musique (c'est un moine qui l'inventa)... C'est aux bénédictins que nous devons l'aménagement de l'Europe et sa civilisation. Nul ne peut opposer  au Christianisme des faits aussi éclatants.

     Quels ont été les meilleurs rois ? L'histoire nous les montre parmi ceux qui, se regardant comme les représentants de Dieu sur la terre, et sachant qu'ils devaient compte de la manière dont ils remplissaient leur mission, se sont efforcés d'améliorer le sort de leurs sujets par la modération, la justice et l'exemple de leurs vertus. Saint Louis est en la matière le souverain le plus célèbre, mais on peut citer l'infortuné Louis XVI, qui, conscient de son rôle, ne fit jamais répandre le sang pour sa défense. Tandis que pour le prince qui ne croit à rien il n'y a pas de frein : il n'admet ni supérieur à son autorité, ni juge pour ses actions. Le Christianisme, en subordonnant le pouvoir politique au pouvoir spirituel, a partout limité les abus de l'imperium antique.

        Descendons dans la famille.
     Comment peut se constituer un bon ménage ? N'est-ce pas sous l'égide de la religion, avec des promesses de fidélité, d'affection, de déférence faites au pied des autels, en face de Dieu ? Sans ces engagements sacrés, sans le sacrement qui unit les deux époux, que reste-t-il ? Des associations qu'on rompt sans scrupule, par caprice, et qui ne produisent que l'abandon, la misère et les larmes.

     Il y a, il est vrai, de mauvais ménages malgré le sacrement reçu ! Le cœur humain est sujet à bien des égarements et des inconstances ; mais, soyons justes : mettons en présence deux ménages, l'un où règne la religion, l'autre où les principes religieux sont oubliés ; avec certitude vous verrez dans le premier le mari plus doux, plus rangé, plus attentionné, plus fidèle, la femme plus dévouée, plus consacrée à ses devoirs de mère et d'épouse, les enfants mieux élevés, mieux instruits ; dans le second, plus de vices, plus de désordres, plus de querelles dans tous les membres de la famille. En peut-il être autrement ? Croit-on que ce ne soit pas un puissant moyen pour se corriger, s'amender, se supporter les uns les autres, de s'agenouiller tous ensemble devant un crucifix en demandant aide et protection à Dieu, d'entendre tous les dimanches une parole qui vous rappelle vos devoirs, de recourir à ce tribunal où on avoue ses fautes après les avoir reconnues, où on reçoit d'utiles conseils, où on promet une meilleure conduite ? Au contraire, ne jamais faire un retour sur soi-même, ne demander et ne recevoir aucun avis, ne voir que la vie terrestre avec ses jouissance, ne penser qu'aux satisfactions grossières du corps, en oubliant les intérêts de son âme et de sa destinée future (ainsi agit l'homme sans religion), c'est fatalement se laisser entraîner sur la pente de toutes les faiblesses et de toutes les tentations de notre nature perverse.



     Ce qui vaut pour des ménages s'applique à toutes les professions ; avec la religion, dans une entreprise, entreront l'ordre et la règle, et disparaîtront les conversations licencieuses, les funestes influences sur la jeunesse, et ces pensées de révolte et d'insubordination qui arrêtent le travail et engendrent la misère ; avec la religion qui commande la charité, qui impose au riche l'obligation de faire une large part au pauvre, celui qui possède la fortune sera plus généreux, plus bienfaisant, moins égoïste ; avec la religion, qui nous montre Notre-Seigneur Jésus-Christ né dans une étable, travaillant de ses mains, le pauvre ne sera plus humilié, il aura droit à tous les égards, à tous les honneurs, et son travail, dont la dignité a été relevée par son Dieu fait homme, retrouvera sa juste valeur ; la vie lui paraîtra moins rude avec la pensée des hautes destinées auxquelles il est appelé.

     Les ennemis de la société, qui sont en même temps les ennemis de la Religion, répandent avec audace sur l'égalité, la liberté et la lutte des classes leurs théories qui doivent, selon eux, faire disparaître la misère. Le bon sens public reconnaît qu'il n'y a dans ces théories rien de possible, rien d'applicable ; que ce sont des chimères au point de vue social, et des causes réelles de jalousie, de perturbation entre les divers membres de la société, propres uniquement à amener les perturbations dans lesquels chacun perd et nul ne gagne. Les révolutions qui font couler des flots de sang ne sont les moteurs d'aucune amélioration, d'aucun bonheur public.


     La religion ne se borne pas à de vagues systèmes, elle agit, elle fonde. C'est elle qui a ouvert ces nombreux asiles où sont accueillis les vieillards, les infirmes et les malades ; c'est elle qui a inspiré ces milliers de femmes admirables ayant renoncé à tous les plaisirs, et consacrées au service de ceux qui souffrent. La charité est un mot et une vertu dont le christianisme a enrichi le monde ; elle se produit sous toutes les formes, chez le missionnaire, chez les membres des associations dévouées au prochain. Quelles sont les voix qui plaident et gagnent sans cesse la cause des pauvres ? Ne sont-ce pas les voix du prêtre ? Bien avant le socialisme, c'est au catholicisme que l'ont doit les premières réflexions sur la condition ouvrière (Rerum novarum de Léon XIII) Et à tous les instants de sa vie, depuis le jour de sa naissance jusqu'à son dernier jour, n'est-ce pas du prêtre encore que l'homme reçoit les secours pour bien vivre et bien mourir ? Oui, c'est la religion qui est sa plus fidèle compagne !

     Sans doute on peut négliger la pratique de la religion par indifférence, par respect humain, par entraînement des passions, sans se déclarer son ennemi ; cette négligence a son excuse et peut s'expliquer ; mais attaquer, combattre, s'efforcer de renverser cette grand bienfaitrice de l'humanité, c'est ou un aveuglement volontaire ou une perversité. Qu'ils sont à plaindre, ces aveugles et ces pervers ! Ils n'ont jamais goûté ce qu'il y a de douceur dans la prière ; ils ont oublié la joie ineffable qui inondait leur cœur au jour de leur première communion ; ils ne se doutent pas de la consolation que la grâce divine répand dans une âme qui souffre, de la force qu'on puise dans les sacrements pour supporter le poids de la vie. Ils n'ont donc jamais vécu avec un de ces hommes que nous appelons Saints, dont la figure est sereine, dont l'âme est pure, dont toute la conduite est exemplaire, qui attirent tous les cœurs par leur affabilité, et répandent autour d'eux le doux parfum de toutes les vertus. Ils n'ont donc jamais vu mourir un de ces vrais chrétiens quittant cette terre avec calme, résignation, avec joie même pour une meilleur destinée et relevant les yeux éteints à notre soleil pour entrevoir les rayons d'une céleste béatitude.






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