Tout est grâce !
Quand l'été vient, le pauvre adore !
L'été, c'est la saison du feu
C'est l'air tiède et la fraîche aurore,
L'été, c'est le regard de Dieu.
L'été, la nature éveillée
Partout se répand en tous sens,
Sur l'arbre en épaisse feuillée,
Sur l'homme en bienfaits caressants.
Tout ombrage alors semble dire :
Voyageur, viens te reposer !
Elle met dans l'aube un sourire,
Elle met dans l'onde un baiser.
Elle donne vie et pensée
Aux pauvres de l'hiver sauvés,
Du soleil à pleine rosée,
Et le ciel pur qui dit : vivez.
Alors l'âme du pauvre est pleine :
Humble il bénit ce Dieu lointain,
Dont il sent la céleste haleine
Dans tous les souffles du matin.
L'air le réchauffe et le pénètre,
Il fête le printemps vainqueur,
Car l'oiseau chante à sa fenêtre,
La gaîté chante dans son cœur.
Alors si l'orphelin s'éveille
Sans toit, sans mère en priant Dieu,
Une voix lui dit à l'oreille :
« Eh bien, viens sous mon dôme bleu !
Viens j'ai des fruits d'or, j'ai des roses,
J'en remplirai tes petits bras ;
Je te dirai de douces choses
Et peut-être tu souriras.
Je voudrais te voir sourire,
Pauvre enfant si triste et si beau,
Et puis tout bas j'irai le dire
A ta mère dans son tombeau.
J'ai souvent pensé dans mes rêves
Que la nature du front sacré
Dédiait tout bas ses merveilles
A ceux qui l'hiver ont pleuré.
Pour tous et pour le méchant même
Elle est bonne, Dieu le permet,
Dieu le veut, mais surtout elle aime
Le pauvre que Jésus aimait !
A-t-il faim ? au fruit de la branche
Elle dit : — Tombe, fruit vermeil !
A-t-il soif ? — Que l'onde s'épanche !
A-t-il froid ? — Lève-ton, soleil !
Lorsqu'il est temps que l'été meure
Sous l'hiver sombre et solennel,
Même à travers le ciel qui pleure
On voit un sourire éternel,
Car sur les familles souffrantes
L'hiver, l'été, la nuit, le jour,
Avec des cornes différentes
Dieu verse à grands flots son amour.
Quand la nature paraît morte
De l'hiver sous la dure loi,
Du pauvre un ange ouvre la porte
Et lui dit en entrant : C'est moi !
Je suis la charité, l'amie
Qui se réveille avant le jour
Quand la nature est endormie,
Et que Dieu m'a dit : A ton tour !
Je viens visiter la chaumière
Veuve de l'été si charmant,
Je suis fille de la prière,
J'ai des mains qu'on ouvre aisément,
J'accours, car la saison est dure !
J'accours, car l'indigent a froit !
J'accours, car la tiède verdure
Ne fait plus d'ombre sur le toit.
Je prie, et jamais je n'ordonne.
Chère à tout homme, quel qu'il soit,
Je laisse la joie à qui donne
Et je l'apporte à qui reçoit.
O figure auguste et modeste
Où le Seigneur mêle pour nous
Ce que l'ange a de plus céleste,
Ce que la femme a de plus doux.
Poème anonyme.
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