es eaux du baptême, en effaçant le péché, n'ont pas éteint dans l'homme le foyer de la concupiscence : chacun de nous ne le sait que trop. Il devra combattre toute sa vie contre des ennemis intérieurs et extérieurs, nombreux, infatigables, car sa vie est une lutte, une épreuve ; il est né pour être soldat et son épée n'a pas de fourreau. C'est pour lui assurer la victoire que Notre-Seigneur a institué la confirmation.
Suivant la théologie catholique, la confirmation est un sacrement de la loi nouvelle, institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui donne à ceux qui ont été baptisés le Saint-Esprit avec tous ses dons. Après avoir été appelé tour à tour par les Pères de l'Église l'imposition des mains, le saint chrême, le sceau du Seigneur, ce sacrement porte aujourd'hui le nom de Confirmation, parce que, dit le Catéchisme, il fortifie et perfectionne la vie nouvelle que la grâce de Jésus-Christ nous a communiquée dans le baptême ; et le Concile de Trente a prononcé : Si quelqu'un dit que la confirmation n'est pas un vrai sacrement, qu'il soit anathème !
L'Église a toujours enseigné que la matière du sacrement de confirmation, c'est le saint chrême. Le saint chrême est une composition d'huile d'olive et de baume, qui se fait le jeudi saint par la bénédiction solennelle de l'évêque. Ces deux choses mêlées ensemble expriment admirablement la diversité des dons qui nous sont communiqués par ce sacrement. L'huile, symbole de douceur et de force, indique le double caractère du nouvel Adam, appelé tout à la fois l'agneau de Dieu et le lion de la tribu de Juda. Voilà le chrétien après la confirmation. Le baume, dont le parfum est très agréable, signifie la bonne odeur de toutes les vertus que les fidèles répandent après avoir été rendus parfaits par la confirmation, et qui leur permet de dire avec S. Paul : Nous sommes la bonne odeur de Jésus-Christ devant Dieu.
La forme du sacrement de confirmation consiste dans ces paroles que l'évêque prononce en faisant l'onction du saint chrême : Je vous marque du signe de la croix, et je vous confirme par le chrême du salut, au nom du Père et du Fils, et du Saint-Esprit. Toutefois il est nécessaire d'assister à l'imposition des mains et à la prière qui a lieu avant que l'évêque prononce les paroles citées plus haut. Cette prière et cette imposition sont un rit essentiel toujours pratiqué depuis les apôtres.
Le ministre de la confirmation est l'évêque seul. Cette fonction est réservée aux évêques, parce qu'elle était réservée aux apôtres dont ils sont les successeurs.
Il est de foi que c'est Notre-Seigneur qui a institué la confirmation, et, selon le sentiment du pape et martyr S. Julien, lui-même a déterminé la matière et la forme que l'Église emploie pour l'administrer. S. Luc nous révèle l'existence de ce sacrement lorsqu'il rapporte que les apôtres imposaient les mains à ceux qu'ils avaient baptisés, et que ceux-ci recevaient le Saint-Esprit. Nous voyons en effet S. Pierre et S. Jean se rendre en Samarie et confirmer les fidèles baptisés par le diacre S. Philippe. Plus tard, Tertullien parle ainsi : « Lorsque nous sommes sortis du bain sacré, nous sommes oints de l'huile bénite; cette onction se fait sur le corps, mais elle produit son effet sur l'âme. Ensuite on nous impose les mains pour la bénédiction, en invoquant et en invitant le Saint-Esprit. »
La confirmation a pour effets d'imprimer dans notre âme un caractère ineffaçable, qui empêche de la recevoir plusieurs fois, et, en perfectionnant la grâce du baptême, de nous faire soldats du Sauveur, miles Christi ; elle nous communique le Saint-Esprit lui-même avec ses sept dons. Un pontifical du VIIIe siècle nous fait connaître cette prière que l'évêque confirmant prononçait : « Dieu puissant et éternel, qui avez régénéré votre serviteur de l'eau et du Saint-Esprit. Donnez-lui l'esprit de sagesse et d'entendement, l'esprit de force et de conseil, l'esprit de science et de piété ; remplissez-le de la crainte de Dieu et de Notre-Seigneur Jésus-Christ. »
Voyez ce qui arriva aux apôtres. Avant la passion, et même dans le temps de la passion, ils étaient si timides et si faibles qu'ils prirent la fuite aussitôt qu'ils virent saisir leur bon Maître ; Pierre lui-même, le chef du collège apostolique, effrayé à la voix du peuple, nie jusqu'à trois fois qu'il soit le disciple du Sauveur. Tous les apôtres, après la résurrection, se retirent et s'enferment dans une maison, et le jour de la Pentecôte ils sont tellement remplis de la vertu du Saint-Esprit, qu'ils prêchent l'Évangile avec un courage inouï à Jérusalem, à Samarie et jusqu'aux extrémités du monde ; ils vont jusqu'à faire leur gloire et leur bonheur de souffrir, pour le Nom de Jésus-Christ, les affronts, les tourments et la mort. Voyez encore les premiers chrétiens ; quel courage ils puisent dans la confirmation ! Destinés au combat dès le berceau, exposés chaque jour à passer des fonts sacrés à l'amphithéâtre, on ne manquai jamais de la leur donner aussitôt après le baptême.
Pendant la cérémonie, tous les confirmés doivent s'efforcer d'être dans les sentiments des apôtres au cénacle attendant l'Esprit-Saint, et conjurer ce divin Esprit de venir les changer en hommes nouveaux, saint et fermes dans la foi.
Les cérémonies de la confirmation sont toutes bien édifiantes et pleines d'enseignements. C'était une coutume que ceux qui devaient être confirmés portassent une bandelette de toile dont on leur enveloppait le front après l'onction, et qu'ils gardaient pendant quelques temps. Cette bandelette a été remplacée par le linge que le confirmé porte au bras, pour essuyer le front par respect pour le saint chrême. Nous avons déjà parlé de la vertu des onctions. L'évêque frappe légèrement la joue du confirmé avec la main (le fameux soufflet), pour lui faire entendre que, comme un généreux athlète, il doit être préparé à souffrir avec un courage invincible toutes sortes de contradictions pour le Nom de Jésus-Christ ; en donnant ce léger soufflet, le pontife dit : Que la paix soit avec vous. La récompense de votre courage sera la paix, la paix de Dieu qui est au-dessus de tout autre bien, paix à la vie, à la mort, pendant l'éternité.
L'Église dit à l'homme dans la confirmation trois paroles : Vous êtes roi, roi de vous-même, roi vainqueur, et après avoir porté sur la terre une couronne d'épines dans les souffrances, vous en porterez une de gloire dans l'éternité.
Vous être plus encore, vous êtes prêtre ; votre autel c'est votre cœur, votre victime c'est vous, c'est le monde, voilà l'holocauste que vous devez offrir chaque jour.
Enfin, vous êtes prophète : le Fils de Dieu fut prophète ; comme lui, mon fils, soyez prophète par vos paroles, annoncez les biens futurs ; prophète dans vos œuvres, témoignez que la terre est pour vous un exil, que votre place est ailleurs ; prophète par votre sainteté, prouvez à tous que vous êtes l'enfant d'un Dieu trois fois saint, et que vous croyez à ses formidables jugements comme à ses miséricordieuses promesses.
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