lundi 17 décembre 2012

De l'Avent



'Église, dans sa sollicitude, a déterminé des jours et des temps particuliers spécialement destinés à purifier notre cœur par la prière, la pénitence et la méditation des vérités éternelles. Au premier rang de ces époques salutaires il faut placer le temps de l'Avent. En effet, l'Avent est un temps de prière et de pénitence que l'Église a établi pour préparer ses enfants à la naissance du Sauveur ; ce que les vigiles sont aux fêtes ordinaires, ce que le Carême est à Pâques, ce que les millénaires de l'ancien monde furent à la venue du Messie, l'Avent l'est à la fête de Noël. Quatre semaines de préparation ne paraîtront pas longues, quand on considère l'excellence du mystère qui les suit. Si le peuple d'Israël dut se préparer avec tant de soin pour recevoir la loi promulguée au sommet du Sinaï et pénétrer dans la terre promise, quelles doivent être les préparations des chrétiens pour recevoir le Dieu du ciel, la victime sans tache, le législateur suprême !

     L'institution de l'Avent paraît aussi ancienne que celle de la fête de Noël, quoique la discipline de l'Église à cet égard n'ait pas toujours été la même. Pendant plusieurs siècles l'Avent fut de quarante jours comme le Carême ; il commençait à la Saint-Martin. Autrefois on jeûnait pendant l'Avent ; le pape Boniface VIII, dans la bulle de canonisation de Saint Louis, déclare que ce grand roi passait les jours de l'Avent en jeûnes et en prières.

     L'Église ne néglige aucun moyen de réveiller dans nos cœurs l'antique ferveur de nos prières : le petit Enfant que nous attendons est-il moins digne de tout notre amour aujourd'hui qu'autrefois ? Sa venue dans nos âmes est-elle moins nécessaire ? Dans ses offices l'Église quitte ses ornements de joie ; elle prend le violet en signe de componction. Le Gloria in excelsis est omis à la messe, la voix du grand Paul, la voix d'Isaïe, la voix de Jean sur les bords du Jourdain, se mêlent aux hymnes et aux accents des prédicateurs.

     L'évangile du premier Dimanche nous rappelle le jugement dernier et le second avènement du Fils de Dieu, pour nous avertir que, si nous voulons voir arriver avec confiance le Dieu qui descendra comme juge suprême des vivants et des morts, nous devons nous préparer à le recevoir maintenant qu'il vient comme Sauveur.

     Au second Dimanche, les instructions de l'Église deviennent encore plus précises, car le grand événement approche ; c'est la lumière qui devient plus vive à mesure que le soleil approche de l'horizon : dans l'épître, le grand Apôtre fait entendre sa voix, il annonce que Jésus-Christ est envoyé pour accomplir toutes les figures et réunir les Juifs et les Gentils dans une seule bergerie.

     Dans l'évangile, le Précurseur envoie vers Jésus deux de ses disciples, avec ordre de lui présenter cette question : « Êtes-vous celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus, ayant opéré en leur présence plusieurs miracles, leur répondit : « Allez dire à Jean ce que vous avez vu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent ; l'Évangile est annoncé aux pauvres, et bienheureux celui qui ne se scandalisera pas à mon sujet. »

     Le troisième Dimanche (de Gaudete), saint Paul, dans l'épître, nous invite à la joie, en y joignant la prière, c'est-à-dire ardent qui attire Dieu en nous et qui appellera le Messie dans nos cœurs ; dans l'évangile, saint Jean-Baptiste, plus que prophète, n'annonce plus le Messie, il dit qu'il est déjà dans le monde ; mais il ajoute une parole qui se vérifie, hélas ! encore aujourd'hui : Il est au milieu de vous, et vous ne le connaissez pas ; il a été fait avant moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers.

     Enfin, le quatrième Dimanche, lorsque le divin Enfant est au moment d'entrer dans le monde, l'Église termine toutes ses instructions par cette parole : Toute chair verra le Sauveur envoyé de Dieu, parole qui nous dit :  Soyez prêts, les temps sont accomplis, le soleil de justice et de vérité va briller à l'horizon, la lumière va se répandre sur tous les hommes sans exception de riches et de pauvres, de savants et d'ignorants ; encore une fois, soyez prêts.

     A partir du 14 décembre jusqu'au 23, l'Église chante à vêpres, avant et après le cantique de la sainte Vierge, les grandes antiennes ; on les appelle vulgairement les antiennes O, parce qu'elles commencent toutes par cette invocation ; elles se répètent trois fois chaque jour à l'office du soir ; par leur variété elles expriment les différentes qualités du Messie et les différents besoin du genre humain ; il est impossible d'avoir la foi et de les réciter sans entrer dans les sentiments qu'elles expriment.

     Les plus puissants motifs qui nous engagent à sanctifier l'Avent :

1° L'obéissance au précepte de l'Église : Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez les voies du Seigneur.
2° La reconnaissance envers le Sauveur :qu'était l'homme avant l'incarnation du Sauveur ? que sommes-nous sans Lui ?
3° Les bienfaits pour notre âme : La source des grâces ne tarit dans aucun temps, mais les grandes fêtes sont des jours plus propices, des jours où ces grâces sont répandues avec plus d'abondance. Les dispositions que Dieu trouve en nous sont la mesure de ses faveurs ; hé bien ! descendons dans notre cœur, interrogeons notre vie passée, notre état présent, notre avenir ; que de choses n'avons-nous pas à demande à la crèche !

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